Tout est fatal

Tout est fatal

Stephen King, un des auteurs les plus lus au monde, est difficile à présenter rapidement. Né en 1947 à Portland (Maine - USA), il se lance dans l’écriture dès l’âge de douze ans – la légende veut que cette vocation soit née après la découverte d’une malle remplie de pulps et de livres de fantastique dans le grenier d’une tante… Ses histoires, il les monte comme celles de son maître en écriture H. P. Lovecraft : rythme et style qui collent au récit, angoisses qui remontent à l’enfance et références autobiographiques - en l’occurrence, les milieux populaires voire misérables du Nord-Ouest américain, les laveries industrielles dans lesquelles il a travaillé, etc... Et ça marche ! L’auteur de Christine, Carrie, Brume, est tellement prolifique dans les années 80 qu’il écrit cinq romans sous le nom de Richard Bachman – dont les incontournables Chantier et Running man. Plus de trente romans, une centaine de nouvelles dont de nombreuses ne sont toujours pas traduites, des millions de fans sur toute la planète : Stephen King est un grand auteur, dont le rythme soutenu de parutions ne nuit que rarement à la qualité d’écriture.

Il y a des bas, et puis des hauts…

D’entrée, l’auteur nous confie que l’ordre des textes a été choisi au hasard, au dernier moment, en distribuant des cartes. Procédé inhabituel dont le résultat n’est pas toujours heureux, la preuve avec ce recueil de quatorze nouvelles. Commençons par les moins bonnes, où l’on voit défiler des récits de gangsters des années trente, de voyageurs de commerce suicidaires ou de chiens qui provoquent des ruptures de couple… Elles sont moins bonnes, mais gardent tout de même la patte inimitable de King - on ne s’ennuie pas à la lecture. Toutefois, elles nuisent au rythme général de l’ouvrage.

Passons aux bonnes choses, il y en a plein. Par exemple, pour les fans du Pistolero : une nouvelle inédite Les Petites Sœurs d’Eloria ! Pour les amateurs de lieux hantés, la nouvelle 1408, frissonnante à souhaits, sera un vrai bonheur (les fidèles de Lovecraft y trouveront là le respect de King pour les « ficelles » du Maître…). Puis, en vrac, un tueur mort-vivant, un autre qui poursuit un amateur d’art, un divorce qui tourne au cauchemar… Enfin, détail qui compte : les deux histoires qui ouvrent et ferment le volume sont de vrais petits bijoux : le hasard qui a présidé à l’agencement des nouvelles a été clément sur ce coup là.

Impression mitigée, malgré tout

Ce recueil laissera une impression bizarre de manque aux amateurs de King : en effet, ils n’y trouveront pas « la » nouvelle impérissable qui caractérise habituellement ses livres, celle qui reste en mémoire et qu’on ne peut s’empêcher de relire à l’occasion. La lecture en reste toutefois facile et agréable, comme d’habitude, avec de vrais moments de bonheur.