32 décembre

32 décembre

Bilal est de retour ! Trois ans après son dernier album : Le Sarcophage avec Pierre Christin, six ans après le premier tome de sa nouvelle trilogie (sans véritable nom pour l'instant), voici donc venu le temps de 32 décembre, album qui fait suite au Sommeil du Monstre. Entre les deux, Bilal a beaucoup voyagé depuis 1998 pour présenter des expositions de ses œuvres un peu partout dans le monde. Dans le désordre : Paris, Cherbourg, Barcelone, Liège, Sarajevo et sa ville natale Belgrade (il y est né en 1951). Ce grand homme de la BD qui a commencé en 1975 avec Pierre Christin pour La Croisière des Oubliés, prépare également un troisième long métrage à sortir début 2004 après Bunker Palace Hôtel en 1989 et Tykho Moon en 1996.

Petit résumé de l'épisode précédent

A l'origine de tout, il y a Sarajevo en plein conflit en 1993. Là bas, entre bombardements et snipers, trois orphelins de quelques jours sont réunis à l'hôpital. La vie va ensuite se charger de les séparer mais le lien reste fort. Nike, l'aîné des trois a pour atout une mémoire phénoménale. Au fur et à mesure, il se souvient des premiers jours de sa vie, comme un compte à rebours. Alors qu'il est âgé de 33 ans, il commence à se souvenir du dix-huitième jour après sa naissance. De son côté, Leyla est devenu une astrophysicienne connue et reconnue par ses pairs. Elle travaille sur Hubble 4. Quant au troisième larron de la bande, Amir, il s'engage dans une mission bien délicate. Avec sa femme, il est recruté pour faire de la surveillance de site. Mais ses nouveaux employeurs sont en fait un groupe de fanatiques religieux qui ont quelques sombres dessins.

32 décembre

Si nos trois protagonistes principaux n'ont guère changé, le monde autour d'eux a un autre visage. Nike a trouvé une sorte de paix avec Pamela Fisher lorsqu'une mini bombe explose à ses pieds pour l'inviter à une drôle d'exposition. Dans le même temps, Leyla l'appelle pour qu'il la rejoigne sur un site secret à la découverte d'ossements qui pourraient bien bouleverser les croyances de l'humanité. Enfin, Amir a réussi à se sortir des pattes des fanatiques mais sa compagne a eu moins de chance. Une étrange métamorphose s'est opérée en elle et sa peau a changé de couleur. Reste qu'entre les androïdes qui se baladent et certains personnages terrifiants qui changent de visages, difficile de savoir qui est véritablement humain et qui ne l'est pas.

Second tome

Avec 32 Décembre, Bilal poursuit dans la même veine que celle du Sommeil du Monstre. Au programme une intrigue parfois un peu difficile à suivre, des questions sur ce qui est réel ou pas, des personnages en plein désarrois et une place importante consacrée au texte. Des ingrédients identiques donc, même si les choses sont sans doute un peu plus difficiles à suivre. Encore un album de Bilal qu'il faudra lire et relire pour bien en comprendre et en apprécier tous les tenants et les aboutissants. Ce qui est sûr, c'est que, comme le dit Bilal dans une interview publiée dans un petit carnet des Humanoïdes associés, notre monde a changé depuis 1998 et Le Sommeil du Monstre. Certaines choses qui étaient dans cet album comme le terrorisme de grande ampleur sont devenues une réalité et 32 Décembre s'en ressent. "Dans le deuxième, je me suis plus attaché aux personnages, qui continuent à être pris dans la furie du monde, mais qui se débattent et commencent à surnager. Le troisième racontera leurs retrouvailles. Mais que sera devenu le monde (…) ? C'est là qu'est l'inconnue. Et c'est, désolé de le dire, très excitant…". En, quelques mots, il a résumé l'essentiel. Ce qui fait sans doute la force de ces deux premiers tomes, c'est que le monde sur papier en 2026 est aussi remuant que le nôtre et que ses personnages sont comme nous à une autre échelle. Ils sont pris sans le vouloir dans les tourbillons d'une actualité mouvante et font tout pour s'en sortir. En résumé, un 32 Décembre qui plaira aux accros de Bilal et aux autres, à condition d'avoir lu le premier tome. Ce genre de récit fait partie de ce que la BD peut nous offrir de mieux. Ce serait dommage de s'en priver ou de ne pas faire l'effort de rentrer complètement dedans.