A l'image du Dragon

A l'image du Dragon

Cette réédition de A l'image du Dragon, un roman relativement mineur de Serge Brussolo est due à la sortie le 25 juin dernier de son adaptation en long métrage d'animation : Les Enfants de la Pluie. Celle-ci était à l'origine un projet de René Laloux, à qui on doit des chefs d'œuvres d'animation comme La planète sauvage, Les Maîtres du temps ou Gandahar. Malheureusement, le projet dût être abandonné jusqu'en 1997, date à laquelle Philippe Leclerc, ancien assistant de Laloux, l'a repris. C'est le dessinateur Philippe Caza (Arkhê, Le Monde d'Arkadi, L'Âge d'Ombre, Gandahar…), qui a supervisé la réalisation, fournissant les esquisses, supervisant le design et participant à la réécriture du scénario. Il faut dire qu'il était en terrain connu puisqu'il avait déjà travaillé dessus au temps du premier projet. L'animation a été réalisée en coopération avec un studio coréen (studio Han Shin) ; se réclamant plutôt d'influence japonaise (en particulier celle de Miyazaki) que d'une " tradition " française (Gandahar). Et au final l'histoire n'a plus grand chose à voir avec le roman d'origine…

Un conte de science-fiction

La saison des pluies approche, et pour le peuple de Nath, les hydrophobes, le temps est venu de s'enfermer dans les cavernes, loin de la lumière qui les nourrit. Une réclusion nécessaire, car tout contact avec l'eau issue des nuages les transforme en une bouillie gélatineuse. Mais le temps de la pluie est également celui des Dragons, qui viennent chaque année prélever leur tribut en vies humaines, et de leurs maîtres, les Caméléons, qui ont eux besoin de l'eau pour survivre. La seule protection est préventive : elle requiert l'envoi de guerriers vers leurs villes, pour en massacrer le plus possible avant l'arrivée de la pluie qui les active. Une mission sans retour, à l'issue de laquelle les guerriers sont censés se suicider…

Nath fait partie des élus. Il part, en même temps que neuf autres jeunes hommes dûment entraînés, à l'assaut des ennemis de son peuple. Il a été équipé comme il se doit : une armure de latex étanche, un cheval bien dressé et une esclave muette qui lui sert d'écuyère et qui a été conditionnée aussi soigneusement que lui. Aucun des deux n'avait vraiment le choix, les destins qui les attendaient étant bien pires que cette mort propre et glorieuse. Mais on ne peut remplir une telle mission sans commencer à éprouver des doutes…

Un dualisme un peu exagéré…

Le monde de Nath et Boa est un monde très dur. Les femmes y sont utilisées comme des commodités et certaines subissent un sort encore pire que la prostitution. De plus le pouvoir est verrouillé par une poignée d'hommes qui n'hésitent pas à dépouiller les plus faibles. Et l'endoctrinement des futurs chevaliers sacrifiés est assez immonde. Dans le camp opposé, les caméléons vivent dans un univers paradisiaque et ont des réactions assez étranges pour des gens qui se font massacrer dans leur "sommeil".

Un livre court fourmillant d'idées originales, plein de bruit et de fureur, mais qui propose également une réflexion sur le sens de la vie et de la mort. Pas le meilleur ouvrage de Serge Brussolo, mais un roman qui se laisse lire et dont on ne sort pas déçu.