Ce Qui Mordait Le Ciel

Si je devais définir en deux adjectifs les écrits de science-fiction de Serge Brussolo, je pense que "délirant" et "imaginatif" seraient les plus appropriés. Écrivain prolifique (et c'est un euphémisme), il a, à travers son imagination vertigineuse, écrit de nombreux romans célèbres. Après avoir réédité La Planète des ouragans -qui regroupent La petite fille et le doberman, Naufrage sur une chaise électrique et Rempart des Naufrageurs- et Le boulevard des banquises, Folio SF continue sur sa lancée et réédite cette fois Ce qui mordait le ciel... Dans ce roman, Serge Brussolo nous emmène dans un monde en pleine métamorphose : des montagnes cristallines gigantesques poussent à la surface de la planète, obligeant les habitants à s'adapter à ce nouvel environnement.

Un paysage en folie...

David est employé à la compagnie intergalactique de pompes funèbres. Son patron le convoque pour une mission un peu particulière : rendre compte d'une bavure commise il y a un demi-siècle. La compagnie avait, à la suite d'une commande spécifique, développé une substance rappelant le cristal. Cette substance était injectée dans le corps et se mettait à proliférer dès la mort du porteur. Ainsi, se formait un agglomérat cristallin autour du corps du défunt, le protégeant à jamais de la décomposition et des charognards. Malheureusement, cette substance a été envoyée par erreur sur Sumar, une planète encore primitive. Elle a été administrée à très fortes doses à des thomocks, des gigantesques ruminants. Évidemment, le problème réside dans la mort de ces animaux, provoquant ainsi la formation de montagnes cristallines colossales. David est dépêché sur la planète pour rendre compte de la situation.

Délire sur schéma facile

Vous voulez une histoire délirante, en voilà une nouvelle. L'idée est plutôt surprenante et extrêmement originale (mais où va-t-il chercher toutes ces idées ?). Ainsi, Serge Brussolo invente un monde en mutation et imagine les différentes méthodes que les habitants pourraient développer pour y survivre. Imaginez un conglomérat lisse, indestructible et qui reflète la lumière solaire à la manière d'une loupe. Comment s'adapter à un tel univers ? Les idées développées par Serge Brussolo, dans ce roman, ne manquent pas et sont plutôt ingénieuses. L'auteur décrit ainsi des peuplades devenues fanatiques et complètement obsédées par les montagnes cristallines. Certaines tentent de s'adapter à ce nouvel environnement tandis que d'autres sombrent dans une folie générale, s'évertuant à vouloir détruire ces montagnes avec des procédés archaïques et allant jusqu'à se sacrifier dans cette lutte désespérée.
Si Ce qui mordait le ciel... est un bon roman, il reste décevant pour ceux qui ont déjà lu Rempart des naufrageurs. Pourquoi ? Simplement parce que Serge Brussolo y utilise exactement la même structure : le lecteur découvre la planète à travers le héros et passe de peuplades en peuplades. Et là, on ne peut s'empêcher de penser que l'auteur ne s'est pas vraiment foulé. Ce chemin vers la facilité ne sera pas sans déplaire à ses fans.