Le Complot des ménestrels
Il aurait été dommage avec un nom aussi beau que le sien, que Patrick Delperdange signe ses œuvres d'un pseudonyme (ne commencez pas à douter, nous lui avons demandé, il nous a confirmé que c’était son vrai nom et il faut toujours croire les gens qui vous font rêver).
Simultanément auteur jeunesse, auteur de polars et scénariste BD, Delperdange profite du peu de temps libre que lui laisse son emploi du temps chargé, pour rencontrer dans les écoles belges (il y habite, nul n’est parfait) ses lecteurs. Et que lui demandent-ils quand ils évoquent la fabuleuse saga de L’Oeil du Milieu ? La même chose que nous : Et après, que se passe-t-il?
Où des créatures anodines se révèlent être de véritables manipulatrices…
Vous souvenez-vous des ménestrels? Créatures télépathes au corps de dauphin, au visage humain et au museau d’espadon, elles sont sous la domination des Rombières et considérées par tous comme de simples animaux domestiqués, démunis de toute volonté propre. Pourtant elles observent, écoutent et parlent. Mais seul Sam a, jusqu’ici, été capable de comprendre qu’elles s’expriment par télépathie et peuvent lire les pensées de tous. C’est pour cette raison qu’un ménestrel décide de le sauver avec les deux nymphes et Albert du Postillon qui l’accompagnent.
Mais Sam commence à comprendre que rien n’est gratuit sur l’Archipel des Quatre Iles. Si le ménestrel les a sauvé, c’est qu’il a détecté chez Sam les qualités que les siens attendent depuis longtemps pour mener à bien un plan machiavélique. Et si Sam ne veut pas coopérer? Peu importe, son attachement à la nymphe Karina leur donnera un bon moyen de pression pour orienter en leur faveur, les décisions du jeune homme.
On prend les gentils, les méchants, on mélange et on essaie de tout remettre à sa place…
On avait peu de doutes, mais le confirmer ne coûte rien. Ce dernier volume de la saga de L’Oeil du Milieu est au niveau des précédents: tout bonnement excellent ! On y retrouve avec plaisir Sam, son inénarrable compagnon Albert du Postillon et le mystérieux monde des Quatre Iles. Profondément atypique, celui-ci est un savant mélange de L’Ile au Trésor de Stevenson et du Voyage de Gulliver de Swift. Truffé de noms et d’expressions délicieusement surannées comme "Carnavalet", "Materdolorosa", "la Boétie", "les Rombières", ce récit a également le très bon goût de mettre en scène des personnages fins, nuancés, mi-cruels, mi-attachants pour au final être terriblement humains. Ce dernier épisode clôt donc avec brio cette excellente saga de fantasy jeunesse que servent admirablement les illustrations internes de Vincent Dutrait.