Maman est revenue
Les auteurs de Polstar, Spoon & White et Space Cake, récidivent toujours! Voici la dernière petite trouvaille de Simon et Jean Léturgie, lancée avec un marketing irréprochable de la part de Vents d'Ouest: Maman est revenue, premier tome d'une série au titre évocateur: Outretombe. Vous l'aurez deviné: Percevan est bien loin de nous, et après le nabot inoffensif, les flics inefficaces et l'équipage du Capitaine Cake, le père et le fils Léturgie nous convient cette fois à une soirée où s'invitent des zombies, en jouant tous les deux les scénaristes (là où Simon assumait jusqu'alors la tâche de dessinateur). La déconne est plus que jamais au rendez-vous, menée par une paire rouée aux blagues de tout calibre. C'est Richard DiMartino, déjà dessinateur de la série Malek Sliman chez Vents d'Ouest qui est aux crayons et apporte une esthétique résolument moderne à la série.
"Mollo sur la menthe"
La soirée d'anniversaire de Lisa tourne au cauchemard, quand son père, devenu fou après le décès de son épouse, lui apporte sur un plateau son cadeau: le cadavre de sa maman bourré de vermine, mais anormalement vivant! En fait de petit papa, le savant-fou a su concocter une mixture capable de redonner la vie aux trépassés. Mixture dont Steeve s'était négligemment servi un peu plus tôt pour un cocktail spécial censé redonner la forme à Ed, un peu flagada. Finalement, il va surtout donner une furieuse envie de participer à la fête à tout le cimetière voisin. Une seule solution pour les vivants: se barricader à l'intérieur de la maison de Lisa, en ne ménageant aucune entrée aux morts-vivants. Plus facile à dire qu'à faire, surtout quand un tueur à gages et sa bande ainsi que le shérif du coin s'invitent à votre petite sauterie (-une quoi? -Une chôterie. -Ah une faîte!*).
"Oh là là, môssieur rabat-joie, faut arrêter de boire de l'eau!"
Maman est revenue s'ouvre sur une scène de carnage qui donne le ton de cette BD franchement décalée et au rythme incroyable. Pour les tenants de l'horreur de série B, on approche la mise en scène du Couvent (un film hors-normes que je conseille à tout le monde). Construit comme un véritable clin d'oeil au cinéma du genre, Outretombe tire sur toutes les ficelles classiques du gore et de l'humour de teenagers. Une caractéristique qui constitue à la fois sa plus grande réussite mais laisse aussi transpirer un manque certain de nouveauté dans un propos que des générations de Screamers semblent ne jamais devoir épuiser. Ca doit être l'âge alors, mais ce genre d'histoire ne m'éclate plus tellement. Le scénario, qui a l'épaisseur de la nouvelle vania ultra, est un prétexte à la libération d'une foule de zombie frénétiques: un papa un peu savant-fou, un remède anti-gueule de bois improvisé, une jolie galette au bord du cimetière et voilà que tout ce petit monde reprend vie. Mouais, c'est drôle, mais la crédibilité est nulle. On dira qu'on s'en fout (sinon on ne dira rien du tout). Pour le reste, l'histoire parallèle du mystérieux serial-killer, ouvre des perspectives pour la suite de la série, ce qui n'est déjà pas si mal. Et puis la mise en scène est vraiment réussie, avec des tas de clichés et des cases remplies de tripes à l'air et d'hémoglobine. Amateurs de clins d'oeil et fans du gore s'y retrouveront et s'entendront assurément pour me traiter de connard.