Dark Water

Dark Water

Les livres de Kôji Suzuki sont traduits au compte goutte, en général à l'occasion de la sortie des films qui en sont tirés. Dark Water ne fait pas exception à la règle, puisque le livre tiré du recueil (ou plutôt de la première nouvelle), vient de sortir en France fin février 2003 ; il a été réalisé par Hideo Nakata qui était déjà le réalisateur de Ring. Le film a reçu trois prix au Festival du film fantastique de Gérardmer : le Grand prix du festival, le prix de la Critique internationale, et le prix du Jury Jeune. Côté littérature Kôji Suzuki a gagné plusieurs prix au Japon : le Prix annuel du Roman Fantastique en 1990 pour Rakuen (Paradis), et le Prix Yoshikawa Eiji pour Rasen (Double Hélice), le deuxième roman de la série Ring. Homme au foyer (un cas de figure encore plutôt rare au Japon), il a également écrit un livre de non-fiction sur ce que cela entraînait pour sa famille.

Sur le thème de l'eau et de la mort

Dark Water est composé de sept nouvelles situées dans le Japon contemporain, et plus précisément autour de la Baie de Tokyo. Les récits sont encadrés par un bref prologue et un épilogue.
Dark Water, la nouvelle utilisée comme base pour le film homonyme, raconte l'histoire d'une mère vivant seule avec sa fille dans un immeuble récent. Un soir, elles trouvent sur le toit un sac de petite fille. Hors il n'y a plus d'enfant dans l'immeuble depuis une tragédie, deux ans auparavant…
Dans L'Île déserte, un homme poursuit son obsession pour une femme et une île interdite.
A fond de cale ou l'histoire d'un marin-pêcheur père et époux désabusé et violent, qui cherche sa femme disparue.
Une Croisière de rêve conte l'étrange soirée d'un homme coincé sur un petit voilier avec un couple vulgaire et pas très net…
On trouve une histoire de vaisseau fantôme relativement classique dans A la dérive.
Couleur d'eau montre la transformation d'un étrange et inquiétant phénomène aquatique en une pièce à succès.
Et pour finir, dans Des Forêts sous la mer, des spéléologues amateurs vont au devant de graves ennuis dans une grotte encore vierge de toute visite humaine.

Plus morbide que terrifiant

Sept histoires très différentes, où le fantastique n'est pas toujours présent. Les nouvelles sont plus nuancées que des nouvelles d'horreur pure, et le don de l'auteur pour la description de sensations (en particulier dans la première nouvelle), permettent au lecteur de ressentir les choses de la même manière que les personnages. Un style et une vision des choses assez inhabituels pour nous Européens rendent ce livre intéressant, ne fût-ce qu'au titre d'aperçu de la vie au Japon et d'exemple de roman à succès là-bas.