Le Tarnier de Gor
John Norman est le pseudonyme sous lequel John Frederick Lange Jr écrit des romans de fantastique. L'auteur est en fait professeur de philosophie au Queens College. Romancier très controversé à cause des thèses machismes et sado-masochistes qui sous-tendent ses oeuvres, il a écrit plus d'une trentaine de tomes – la plupart formant Le cycle de Gor - dont une vingtaine a été traduite en français.
Découverte d'un monde dur et viril
Tarl Cabot vient d'obtenir son premier poste de professeur d'histoire en Amérique. Lors de vacances en montagne, il se trouve transporté dans un monde différent, une Anti-Terre sur laquelle règne la loi du plus fort.
Il s'y découvre un père qu'il n'a jamais connu et toute une société très hiérarchisée – globalement de niveau médiéval. Pourtant curieusement certaines technologies avancées existent. Peu à peu, il apprend l'existence de demi-dieux, les Prètres-Rois, qui surveillent les hommes et contrôlent la planète.
Devenu, après un entraînement dur et dangereux ,un guerrier respecté, il part à la conquête de la Pierre du Foyer d'une cité rivale, symbole de la ville et de sa liberté. Accidentellement, il y capture une femme dangereuse et superbe. S'ensuit un chassé-croisé dans lequel rôde constamment la mort, mais qui ne peut mener que jusqu'à l'amour total. Mais il lui faudra d'abord triompher du père de sa future épouse, car celui-ci est bien décidé à conquérir tout le territoire.
Après Barsoom et Conan, voici Gor...
Ce livre a été écrit en 1966. Il est parfaitement à sa place auprès des écrits de Burroughs et de Howard. A cette époque, les aventures épiques d'hommes invincibles, sans peurs et sans remords étaient la norme. Les critiques de l'oeuvre de Norman ne sont venues que bien plus tard, après l'émancipation de la femme et l'arrivée d'une vision plus complexe et plus profonde de l'écriture.
Il est malgré tout impossible de ne pas remarquer les similitudes entre les aventures de John Carter, projeté sur une planète sauvage (Mars) semée de cités rivales et celles de Tarl Cabot. On y retrouve le guerrier ultime, la princesse irrésistible, les méchants à vaincre et les animaux fabuleux sur une planète désolée.
Pris au premier degré, ce livre est une glorification de l'humain mâle et de la faiblesse de la femme devant son maître. Au second degré... Mais il n'y a pas de second degré chez Norman, donc inutile de chercher une justification...
Dans ce premier tome, Norman s'est beaucoup retenu. Même si Tarl fait de sa future femme son esclave, il a quelques vagues scrupules et il s'empresse de la libérer avant de l'épouser. Ce n'est que dans les parutions suivantes qu'il montrera réellement ses opinions sur la femme et s'attirera les foudres des féministes – qui réussiront à faire peu à peu disparaître les ouvrages des rayons des libraires vers la fin des années 80.
Ce livre est franchement dispensable, mais, bien écrit, avec un souffle épique venu des temps anciens qu'il est agréable de retrouver au milieu des anti-héros torturés et trop humains des parutions plus récentes. A réserver aux nostalgiques de Tarzan, de Pellucidar et de Conan.