Neurotwistin'

Neurotwistin'

Hormis quelques nouvelles et traduction ici et là, Laurent Queyssi est jusqu’ici plutôt un inconnu. Et pourtant ses activités sont diverses et variées. Car en plus d’être auteur, il est également journaliste BD et prépare un volume de la collection Bibliothèque Rouge des éditions des Moutons Electriques consacré à James Bond. A noter toutefois que Neurotwistin’ était une nouvelle avant de donner ce roman. Une nouvelle publiée dans l’Anthologie Passé Recomposé d’André-François Ruaud (Nestiveqnen), l’actuel directeur des Moutons Electriques.

Fruit d’une expérience qui lui a donné un esprit humain, Harry est la seule grenouille au monde qui non seulement sait parler, mais qui en plus écris des romans d’espionnages à succès. Un vrai tour de force qui n’est pas sans lui poser quelques problèmes existentiels. Car comment s’adapter au monde des hommes lorsqu’on pense comme eux mais que l’on est petit et vert ? Et comment se faire aimer d’une femme pour laquelle on soupire et qui ne voit en vous qu’une gentille grenouille ?

Neurotwistin’ est en fait composé de deux lignes de récits. La principale, ce sont les aventures d’espionnages imaginés par Harry la grenouille. Bienvenue dans un monde parallèle et uchronique dans les années 60 ! On se croirait dans un pulps ou dans une série télé dans laquelle Laurent Queyssi a multiplié les clin d’œil et les références. L’une de ses héroïnes s’appellent Mary Gentle tandis qu’un personnage se nomme Jerry Cornelius. L’autre ligne de récit, ce sont les intermèdes d’Harry, jonglant entre des courriers ou des notes privées racontant ses états d’âmes et des explications sur sa série. Et globalement, il en ressort que l’intrigue la plus intéressante n’est pas celle qu’on croit. Car pour légères et agréables qu’elles soient, les histoires d’espionnages n’ont finalement qu’assez peu d’intérêt. Même si le dénouement final nous obligent à reconsidérer cette partie, elle reste au mieux gentillette, provoquant quelques sourires ça et là. Sans plus. Non, le principal attrait de ce livre, c’est l’idée géniale de cette grenouille auteur de romans. Et là, tous les intermèdes, notamment sur sa vie, sont passionnants. Pour le coup, Laurent Queyssi est bluffant. Mais au final on reste sur notre faim, le récit d’Harry ne constituant qu’à peine 10% de l’ensemble du livre. Résultat, on tourne la dernière page avec un sentiment mitigé. Et l’on se dit qu’on se souviendra sans doute de la grenouille, mais pas des espions. Ce qui, entre nous, n’est pas chose courante en littérature et plus encore en science-fiction.