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Cauchemars Parallèles

Serge Brussolo ( Auteur), Didier Thimonier (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/03/06  -  Livre
ISBN : 2258070392
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Magda   - le 20/09/2018

Cauchemars Parallèles

Serge Brussolo est l'auteur de 133 volumes divers depuis 1981, de nombreux romans, mais également des recueils de nouvelles. Si son domaine de prédilection semble être la science-fiction, en particulier mâtinée de fantastique, il a également écrit plusieurs thrillers, y compris des thrillers historiques (dans des époques diverses : Le Labyrinthe de Pharaon, 1997, La captive de l'hiver, 2001, ou Le château des Poisons, 1996, par exemple), des romans de fantasy (Le Tombeau du Roi-squelette, 1988; L'armure maudite, 1992), du fantastique pur (tels Docteur Squelette, 1986, Boulevard des banquises, 1989, ou Les Bêtes, 1990), des romans policiers (tels les aventures/enquêtes de Conan Lord, 1995), et, depuis 2000, il s'est également lancé dans la fiction destinée à un jeune public, avec des one-shots, mais aussi des séries comme Peggy Sue (8 romans) ou La jeune fille de la mort (3 romans).

 Le présent volume réunit plusieurs recueils de nouvelles et romans datant du début de son activité d'écrivain : l'ensemble de nouvelles formant Vue en coupe d'une ville malade reçut le Grand Prix de la Science-Fiction Française, et date de 1980, et les trois nouvelles de Aussi Lourd que le Vent de l'année suivante. Portrait du Diable en Chapeau Melon fut publié en 1982, Les Lutteurs immobiles en 1983. Les romans Ce qui mordait le ciel (1984) et Procédure d'évacuation immédiate des musées fantômes (1987) concluent cet ensemble.

Les éditions Omnibus viennent de publier Territoires de l'impossible, un deuxième tome comprenant Ma Vie chez les Morts, La Nuit du Bombardier, Sommeil de Sang, Le Carnaval de Fer, Le Syndrome du Scaphandrier, L'Homme aux Yeux de Napalm, et Le château d'encre.

Un avenir peu reluisant...

Des maisons qui prennent leur autonomie, et deviennent folles, un virus qui transforme les humains en objets, une colonne conduite vers une destination inconnue et qui n'existe peut-être pas, le naufrage du Cimetière des Etoiles, une ville et ses habitants qui s'enflamment au moindre prétexte, des dormeurs permanents qui ne rêvent que de l'arrivée des glossines, une cruelle expérience qui ramène d'un coup les sensations de toute une vie, une société où le bruit a été confisqué, et une ville où d'étranges transferts d'identité se font suite à des expérimentations secrètes...

Des musées qu'il faut des années pour explorer et inventorier, et d'où les personnels ne reviennent pas toujours... Une réserve naturelle sous-financée, et emplie d'étranges mutants... Une artiste qui crie/crée des oeuvres solides mais transitoires...

Une ville ceinte par un cordon de gaz mortel, où des hommes-enfants sont obligés à jouer...

Une société où le bien-être des objets est nettement plus important que celui des êtres humains...

Une erreur de la Compagnie Intergalactique de Pompes Funèbres qui pourrait bien provoquer la destruction d'une planète...

Et enfin un monde où l'énergie est produite par les ondes dégagées lors des accidents, mais peut-être pas seulement...

...voire sans issue

Assez étrangement, puisque presque chacun de ces récits se situe dans une société/univers différent, l'ensemble forme un tout cohérent. Tous ces récits montrent des exemples des innombrables manières dont l'humanité peut être déshumanisée, non pas en disparaissant, mais en se transformant et surtout en perdant ses caractéristiques, les hommes devenant (au figuré, voire au propre) des objets. Les variations sur ce thème qu'explore ici Serge Brussolo vont de la transmutation de la chair (Vue en coupe d'une ville malade, Portrait du Diable en Chapeau Melon), à la reddition complète face à la prise du pouvoir par les objets (Les Lutteurs immobiles), et à l'abandon pur et simple devant des forces qui dépassent ses héros, voire qu'ils ne peuvent même plus comprendre. D'ailleurs, le terme de héros est probablement mal adapté à ces personnages dont les révoltes brèves et futiles finissent par s'écraser lamentablement devant les puissances auxquelles ils font face.

Mais à qui la faute ?

Des forces que l'humanité elle-même à créé, et auxquelles seules l'aveuglement et la négligence des humains ont donné le pouvoir : pour que le règne des maisons, des théières, des tableaux et des assiettes soit venu, fallait-il que nous ayons renoncé à toute envie de lutter... Mais Serge Brussolo parvient à donner des explications généralement convaincantes pour les situations les plus sombres et les plus délirantes, et à construire un ensemble d'univers qui se complètent et se renforcent mutuellement par le partage de personnages aux noms récurrents mais aux destins divergents (mais également condamnés), et par un lieu qu'ils ont tous en commun, une ville sinistre quelle que soit la dimension : Almoha.

Une excellente idée, donc, de la part de l'éditeur, que de réunir toutes ces variations, et un volume à recommander, en particuliers aux fans d'anticipation très noire...

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