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Escale boréale

Laetitia Schwendimann (Coloriste), Marc Védrines (Scénariste, Dessinateur)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/06  -  BD
ISBN : 2205058010
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Virginie   - le 31/10/2017

Escale boréale

Un voyage vers les terres islandaises et vers la connaissance de soi…

Marc Védrines est né en 1971. Après un travail remarqué en temps que dessinateur sur la série Phenomenum (Glénat), il signe ici sa première série comme scénariste et dessinateur. Sa bonne connaissance de l’Islande, où il se rend régulièrement, s’impose comme principale source d’inspiration de ce premier tome.

Au dix-septième siècle, Jacques, un adolescent orphelin recueilli par son oncle et sa tante, décide de suivre clandestinement son oncle qui s’embarque sur un bateau de pêche en partance pour les rives islandaises. En effet, si le frêle jeune homme n’a pas de vocation pour la navigation ou la pêche à la morue, il désire en revanche parcourir l’Islande, et surtout comprendre pourquoi, depuis tout petit, il se sent irrésistiblement lié à cette île et à sa culture : visions, étranges dessins dont il ne maîtrise pas les sources d’inspiration, et surtout connaissance de la langue islandaise sont autant de mystères que Jacques veut percer à jour.

sous la forme d’un récit et d’un dessin classiques et sans grande surprise.

Islandia, on l’aura compris, est le premier tome du récit de la quête initiatique d’un adolescent, un récit de formation où le jeune héros aura bien des obstacles à affronter pour reconstituer le puzzle de son identité. L’histoire de Jacques se construit sur la rencontre entre le récit d’aventures maritimes et le récit exotique. Ainsi, l’histoire se structure en deux parties : la première présente le voyage en mer du jeune garçon et ce temps passé dans un univers clos permet au lecteur de cerner la personnalité de l’adolescent ou plutôt de découvrir ses zones d’ombre ; la seconde propose les aventures du héros en terre islandaise. Cette seconde partie est la plus intéressante car elle a le mérite de présenter quelques éléments de la culture et de l’histoire islandaises, par exemple il y est fait référence au riche patrimoine littéraire du Moyen-âge islandais, mais on regrette que ces aspects culturels ne soient pas plus approfondis.

On suit avec intérêt les aventures de Jacques car le scenario fonctionne sur des rebondissements successifs, mais tout cela manque de surprise et on est parfois au bord du cliché du point de vue de la trame narrative comme de la construction des personnages. Le personnage de Jacques, par exemple, est animé par une motivation sans limite, prêt à affronter toutes les tourmentes pour parvenir à ses fins. S’ il peut forcer l’admiration par cette ténacité, il peut aussi agacer par sa position victimaire trop marquée : on n’échappe pas, tout au long du récit, à sa mise au banc, étant bien trop différent et bien trop inquiétant pour le peuple superstitieux qui l’entoure. Le pauvre va tout de même être jeté dans la cale du bateau, nourri au pain sec et à l’eau, subir les intentions pédophiles d’un des grossiers et bien bourrus pêcheurs, passer aux yeux des marins de ce statut de brebis galeuse à celui d’incarnation d’une terrible puissance maléfique, ce qui bien sûr facilitera encore moins son intégration dans le groupe et le déploiement de bonnes intentions à son égard…Une fois arrivé sur la Terre Promise, et après une petite accalmie pendant laquelle notre héros a pris un peu de pouvoir et de galon, la scoumoune le rattrape et le voilà de nouveau mis à l’écart au sein de la famille qui l’a recueilli…Si en plus on n’a pas oublié que Jacques est orphelin et que son père adoptif est un couard (il a quand même mis un certain temps à avouer aux pêcheurs que le petit passager clandestin était son fils adoptif), on se retrouve vite avec une overdose de pathos, que les nombreuses vignettes qui déclinent des gros plans sur le regard tour à tour doux ou effrayé du pauvre petit ne peuvent qu’alimenter.

Dans l’ensemble, Islandia est une œuvre frustrante : on voudrait que certaines bonnes idées soient davantage développées, comme celle du dessin qui devient pour Jacques un moyen de réminiscence, ou encore les rares instants où la ligne claire est abandonnée pour donner à voir d’effrayantes apparitions fantomatiques.

Pour les amateurs de récits de voyages au développement narratif classique, les curieux de la vie paysanne islandaise du dix-septième siècle, ou encore les adolescents amateurs de récits de formation et d’aventures qui pourront s’identifier au héros. Amateurs de scenarii décalés et de dessins novateurs, s’abstenir.

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