Christian
- le 31/10/2017
Abrasombra
Succession de microcosmes et de portes, Lock est un univers imaginaire fermé, gouverné par quatre Maîtres, dont le plus puissant est le Maître des Portes (et donc des « serrures », cf. l’album Le Guide de Lock). Les hommes et les femmes qui s’y aventurent s’y trouvent piégés (locked) et doivent faire face à une faune et une flore aussi exotiques que dangereuses.
Dans ce quatrième album du cycle en 5 tomes (après Népharius, Mécanique céleste, Le Prix du passé), c’est une nouvelle ville-monde, Abrasombra, qui est explorée, plus festive, mais pas moins dangereuse que les précédentes.
Jeune auteure, Valp, alias Valentine Pasche, a été récompensée à deux reprises (Antibes 2002 pour le 1er album et Solliès 2003, en tant que coloriste) pour cette première série, imaginée quand elle se formait aux Arts Décoratifs de Genève, et gageons qu’elle n’en n’est pas à ses derniers prix, tant son dessin est maîtrisé, plaisant et dans l’air du temps.
Gare aux Langorytes
Toujours à la recherche d’un moyen de retourner sur Terre, Noé et ses trois comparses se rendent à la ville d’Abrasombra à la demande du Grand Horloger pour retrouver leurs amis. Non content d’y régner en maître absolu, Nepharius tient Célestia captive et s’y livre à un bien mystérieux trafic de détournement d’eau.
Noé, Eve et Albertius, émerveillés par les spectacles forains d’Abrasombra, vont faire de fâcheuses rencontres avec de vieilles connaissances… et d’inquiétantes créatures mortifères, les Langorytes.
Plaisant et captivant
Comme dans un bon jeu de rôle, les caractères des personnages sont bien campés et leurs rapports affectifs, bien mis en scène, ne sont pas occultés par l’intrigue et les mauvaises rencontres. La psychologie des personnages, et, en particulier, celle du démoniaque Maître de la cité, initiateur de la trame dramatique, est moins manichéenne qu’on pourrait le croire au premier abord. Le scénario est bien mené, à un rythme qui va en s’accélérant, en mettant bien en valeur les personnages principaux (notamment Noé et Népharius) et les créatures qui les entourent.
Agréable, le graphisme moderne, nipponisant et coloré de Valp se marie bien avec l’ambiance cartoon picaresque onirique de la série. Peu de rouge, mais des couleurs directes vives sur un fond blanc et sombre (Albasombra). Pas de hardiesse dans la structure graphique des plans : la disposition des cases est classique, mais variée, avec quelques concessions à la polygonalité. Le cadrage est classique également (malgré quelques têtes coupées en haut de cadre) avec un bon équilibre entre décors et personnages. Grâce à la force d’expression des visages et la dynamique des postures corporelles, les plans rapprochés sont particulièrement réussis (Népharius, notamment). Pour les plans plus larges, on notera la qualité des décors et la diversité vestimentaire. On s’y croirait.
Un bon album d’une bonne série. De la belle ouvrage. L’originalité n’est pas forcément au rendez-vous, mais, tout se tient, l’univers est captivant et si vous avez envie de faire plaisir à vos yeux, n’hésitez pas…