Lili

Lili

Dugand, le scénariste de ce récit, arrive du cinéma pour lequel il a travaillé sur Atomik Circus (Vanessa Paradis, Benoit Poelvoorde). Auparavant, il avait déjà signé des albums (Requins Marteaux, Ferraille). Le dessinateur Denys, lui, est passé par la case « publicité » avant de se tourner vers la bande dessinée, avec Dans la Nuit (scénario de Joel Callède). Désormais, il se consacre à la série District 77.

Atterrissage forcé dans la boue de la pègre

Lili Lafayette est une jeune policière tout fraîchement promue. C'est une jeune femme solitaire, marquée dans son enfance par la mort de son père. Elle est affectée au district 77, dans lequel elle doit remplacer un agent torturé et assassiné par un malfrat sous l'effet de la drogue. Rapidement, la jeune femme constate que si la ville est grise sous la pluie qui tombe continuellement, l'atmosphère du commissariat est encore plus sombre et que la loi est loin de régner sur le district.

Mis à part l'agent Ash, tous les policiers sont désabusés et arrogants, menés par un capitaine brutal et sans illusions. La violence règne parmi l'équipe au point qu'elle se sent obligée dès le premier jour d'arrêter son coéquipier pour le meurtre d'un dealer. Mise à la circulation pour cela, elle va se retrouver mêlée à une étrange affaire : un parrain de la mafia grièvement blessé, de nombreux tués et des dégâts considérables dans un casino. Elle est à deux doigts d'arrêter la criminelle qui est l'origine de tout cela, mais elle ne parvient qu'à l'empêcher de dérober une statuette appartenant au parrain.

Alors, tout dérape. Le parrain au visage difforme semble disposer de pouvoirs inconnus, provenant sans doute d'une statuette mystérieuse et de la magie noire, qui lui permettent de rester en vie. Prise entre les flics ripoux qui travaillent pour le parrain tombé dans le coma et les phénomènes mystérieux qui secouent l'hôpital, notre héroïne devra elle-aussi agir en tueuse, quitte à se faire renvoyer de son travail et au risque d'y laisser aussi son âme...

Une série qui démarre fort !

Cet album est très habilement réalisé. Le scénario est dirigé d'une main de maître par Dugand, qui nous présente tout d'abord une ville grise et corrompue pour mieux ensuite nous laisser glisser peu à peu dans le surnaturel et le mystère du vaudou sans abandonner pour cela l'ambiance sombre du début. On peut trouver de l'Inspecteur Harry et du Frank Miller dans cette histoire de police gangrenée par la corruption et la violence. L'héroïne paraît bien faible et bien seule face aux pouvoirs de l'argent et de l'occulte.

Le dessin est clair, bien soutenu par un jeu de couleurs qui souligne la noirceur et le sang dans les pages sombres, laissant éclater les tons plus clairs dans les – rares – pages plus tranquilles. L'album est bien dessiné, sans artifices, avec un parti-pris de simple réalisme qui n'en rend que plus fort le scénario.
N'ayant aucune idée de la direction que prendra l'histoire dans les prochains tomes, on ne peut qu'espérer que cette série saura poursuivre l'aventure en gardant le même niveau de qualité jusqu'au bout.