Futur 2

Pierre Boisserie et Eric Stalner ont mis en place une énorme machine à produire de la bande dessinée, dans le but de réaliser une série en treize volumes : Voyageur. La gageure est de réussir à sortir des volumes au rythme de trois par an... ce qui permettra la sortie du dernier tome en mai 2011. Pour tenir les délais, ils ont rassemblé plusieurs dessinateurs, chacun d'eux s'occupant d'une partie du cycle. Eric Stalner, lui, dessine les quatre premiers volumes. Toutes les couvertures seront de Juanjo Guardino.

Adolescence

Fish et Lou, les deux jeunes garçons capables de se téléporter, ont réussi à fuir le laboratoire qui les a vu naître. Fish porte désormais une cicatrice en V sur le front : la marque du Voyageur. Avec son ami, il découvre Sorbone et les bas-fonds de Granparis, ainsi que l'âpreté de la survie dans cet univers dangereux et surveillé.

Pendant ce temps leur géniteur ne veut pas rester sur un échec et prépare une nouvelle génération de mutants qui, l'espère-t-il, seront plus dociles. Mais lorsque Fish, inconséquent, commence à venir fouiller dans le laboratoire et découvre des portraits du Voyageur à diverses époques, il déclenche les foudres du dictateur, qui se déchaîne alors sur les hors-zone.

Toujours dans l'introduction

On pensait les bases du récit bien posées après le premier tome... Pas vraiment, finalement. Avec ce second volet du futur, les auteurs continuent de distiller les indices au fil des pages (phrases, tableaux au mur...) ainsi que de nous dépeindre toujours plus crûment la société carcérale et paranoïaque de Paris à la fin du XXIème siècle.
L'histoire est prenante, travaillée à de multiples niveaux, allant de la politique jusqu'aux affres de l'adolescence de nos héros, en passant par une critique constante des effets pervers d'une dérive sécuritaire dans un monde technologique, finalement peu éloigné du nôtre. Loin d'être une simple aventure trans-temporelle, il y a des aspects moraux et humains fort intéressants cachés dans ces pages, à découvrir et à analyser durant la lecture.

Par contre, ce tome pèche par moment au niveau du dessin. Si Stalner se débrouille très bien pour les représentations statiques (ses bâtiments sont des splendeurs et Granparis est d'une froideur morbide, par moment digne des Eaux de Mortelune), il ne sait vraiment pas représenter les scènes d'action. Dès qu'il y a violence, la qualité du dessin se dégrade, les cases tournent au fouillis rouge-ketchup d'une laideur de mangas mal dessiné. C'est d'autant plus dommage que la plupart de ces scènes se situent vers la fin, donc laissent le lecteur sur une impression déplorable des capacités - pourtant bien réelles - du dessinateur.
Les deux prochains volumes seront encore réalisés par Eric Stalner, nous pouvons espérer qu'il y aura moins de violence, non pour l'histoire, mais pour l'esthétique des pages.
Mis à part ce souci de qualité sur certaines pages, l'ensemble reste de bonne facture et mérite d'être parcouru. Une bonne suite de l'introduction à ce voyage dans le temps.