Vinéa en Péril
Roger Leloup a dédié sa vie à son héroïne, Yoko Tsuno. Il lui a fait visiter pratiquement tous les continents et rencontrer des gens tous différents mais terriblement humains au cours de ces périples. Il lui a aussi fait traverser la galaxie pour rencontrer d'autres civilisations et remonter le temps. L'auteur a réussi à naviguer sans échouer au travers de tous les écueils qui parsemaient le mélange de science-fiction, de fantastique et de récit d'aventure et qui constituent l'histoire de la jeune femme.
Redécouvrir Vinéa
Yoko Tsuno navigue souvent entre la Terre et Vinéa, aidant quand elle le peut ses amis à redécouvrir leur terre natale et à reconstruire une nouvelle civilisation sur les ruines de ce qui a été autrefois un grand peuple. Ce recueil raconte trois de ses aventures qui se passent sur ou autour de la lointaine planète.
On y rencontre d'abord d'étonnants titans décidés à faire main basse sur les terres des Vinéens. Ils sont fondamentalement différents, autant dans leur aspect d'immenses insectes que dans leur façon de penser et d'agir, comme une sorte de ruche dans laquelle l'individualité et la faiblesse n'ont pas leur place. Tout semble séparer la jeune Asiatique des mantes religieuses auxquelles elle se confronte, pourtant l'intelligence et la sagesse - pour ne pas parler d'humanité - permettront à chacun de s'enrichir de la rencontre de l'autre.
Ensuite, c'est dans l'espace que Yoko a fort à faire pour mettre en échec l'intégrisme et l'obscurantisme qui gangrènent toute une colonie oubliée de Vinéens, survivant dans des conditions extrêmement difficiles. Elle y découvre que ses amis à la peau bleue cachent, comme les hommes, des secrets terribles et un passé guerrier peu glorieux.
Pour finir, c'est sous l'eau, dans l'océan de Vinéa, que la jeune humaine va à la rencontre de robots intelligents et de toute une génération d'enfants en sommeil depuis des millénaires. Là encore, soif de pouvoir, obscurantisme et manipulation règnent et seul le sourire de Yoko permettra de dénouer la guerre qui pourrait détruire les jeunes otages inconscients.
De la S.F. humaine
Bon, ne le cachons pas : ces trois histoires, comme toujours avec Leloup, sont pleines de bons sentiments et l'humanité en constitue l'épine dorsale. Elles offrent une agréable lecture, si loin des univers de plus en plus violents que l'on nous assène au cinéma, dans les bandes dessinées ou dans les livres.
Mais, au-delà de la simple aventure, il est intéressant de voir comment ces trois textes ont vieilli (ils datent de 1977 à 1982). Se passant dans l'espace, loin de la Terre, ils sont bien moins datés que certains autres tomes de la série. De fait, ils semblent avoir été écrits hier tant tout est resté crédible et imaginable.
C'est une des grandes forces des œuvres de Leloup - pour celles qui traitent de science-fiction - d'avoir toujours pris grand soin de réfléchir et de penser avant d'inventer toutes les incroyables machines qui émaillent les récits - du simple glisseur au vaisseau spatial. Toujours nouveaux, sans tomber dans une invention trop irréaliste.
Nous aurions d'ailleurs bien aimé que le cahier qui accompagne la réédition nous en montre plus sur la genèse de ces engins. Ce tome-ci pèche par un cahier un peu sommaire, presque vide, comme si tout avait déjà été dit dans les précédents. Ce qui est regrettable, il y avait sûrement beaucoup à dire et à montrer sur l'univers de Yoko. Mais ceci ne gâche en rien la qualité des trois albums qui constituent ce volume.