Aventures Allemandes

Aventures Allemandes

Arrivée accidentellement dans la vie de Roger Leloup – elle ne devait apparaître que sur quelques planches d'une série qui n'a jamais vu le jour – Yoko Tsuno a pris possession de la vie même de Roger leloup au point qu'il n'a plus dessiné que des récits sur son héroïne par la suite. La série, commencée en 1969, continue encore aujourd'hui à s'enrichir puisque le vint-quatrième tome (Le septième code) est paru en 2005. L'héroïne de cette saga reste toujours aussi attachante malgré son âge.

L'amitié au-delà des origines.

Yoko est asiatique, moitié chinoise et moitié japonaise. Ingrid est allemande et blonde. Leur première rencontre – dans les flots du Rhin - est un peu fraîche. Pourtant les deux filles vont devenir rapidement des amies et, côte à côte, résoudre des énigmes formidables : un orgue qui joue pour le Diable, des vampires aux équipements scientifiques avancés et la maîtrise du feu du ciel que commande Wotan. Ce recueil rassemble trois aventures de Yoko Tsuno se passant en Allemagne à la fin du XXième siècle.

L'humain plus fort que la technique.

Comme toujours chez Leloup, les histoires de ce tome sont emplies de technologie et de méchants qui jouent avec sans penser aux conséquences. L'auteur aime inventer des gadgets et des armes terribles, dessiner des engins improbables et monstrueux et mettre en oeuvre des forces incontrôlables.
Pourtant, c'est encore et toujours la chaleur de l'humanité qui parvient à vaincre et à retourner la puissance destructrice contre ses créateurs. La morale est toujours sauve et la défaite ramène les malfaisants à la dimension de simples humains en leur apportant finalement le pardon et la rédemption ou la mort.
Leloup sait mettre en scène tous les mauvais sentiments humains, depuis la bassesse du meurtrier qui frappe dans l'ombre jusqu'au terroriste assoiffé de richesses en passant par l'idéaliste communiste (ces histoires se passent en pleine guerre froide) ou simplement la femme prête à tout pour sauver sa cousine. Il sait aussi montrer les bons sentiments, amitié, entraide, abnégation et pardon, avec le même bonheur.

Un dessin riche et réaliste

Le théâtre du second tome de cette réédition est situé dans l'Allemagne de notre époque. L'auteur a donc parcouru ce pays à la recherche de lieux, de paysages et de villes correspondant au besoin de ses scénarios avant de les dessiner. En effet la technique de dessin de Leloup est basé sur le réalisme le plus parfait possible. La plus grande partie des lieux que l'on voit dans ses pages existent réellement et sont semblables à leur transcription en bandes dessinées – même l'étonnant métro aérien du Wuppertal.
Il se sert de clichés – qu'il va souvent prendre lui-même sur place – pour dessiner les cases avant d'y placer les protagonistes de l'aventure. Les véhicules et autres matériels sont aussi recopiés sur la réalité – sauf pour les engins technologiques qu'il invente comme son canon à foudre.
Au début de l'ouvrage, Leloup nous montre sa technique en ressortant de ses tiroirs les photographies qui lui ont servies de support pour dessiner le Rhin et ses abords, la ville de Rothenburg et d'autres lieux

Les histoires de Yoko sont connues et font partie de l'histoire de la bande dessinée belge, mais cette somptueuse réédition apporte vraiment à cette longue saga.