Christian
- le 31/10/2017
African power
Comme souvent désormais, Delcourt sort un numéro 2 dans la foulée d’un numéro 1. Deux mois séparent la sortie des deux albums. Pour ce faire, soit l’éditeur retarde la sortie du premier numéro, soit il fait appel à plusieurs dessinateurs pour accélérer le rythme de production. C’est ce qui a été fait pour la série Egide. Denis Rodier signait son premier album à l’européenne avec le premier tome de la série, Energy Business. Pour le suivant, African Power, c’est un nouveau venu dans la BD franco-belge, Gabriel Morrissette, qui prend en charge les dessins. Comme son prédécesseur, il vient du monde des comics au Canada. Il s’est fait connaître, depuis 1997, par la publication de la bande dessinée Daisy Dreamer dans Chickadee Magazine. Denis Rodier, lui, se contente de donner un coup de main pour l’encrage. La cohérence est assurée par le scénariste Fred Weytens, qui a longtemps trempé dans les jeux vidéo avant la BD, et qui signe là sa première série d’espionnage.
Même esprit Mission Impossible en Europe. Même agence de contre-espionnage (Egide). Nous retrouvons la même équipe d’agents secrets aux commandes. Cette fois-ci, comme l’avait laissé entrevoir le début du premier album, les regards sont tournés vers l’Afrique.
Au secours du Président comolien
Réunion au sommet à La Défense pour évoquer le cas du Président de la République du Como, Victor Lanohe, menacé par un putsch du colonel Amin Giaman. C’est un agent comolien qui avait aidé l’agence Egide à réussir sa première mission. Un petit renvoi d’ascenseur paraît donc bienvenu et ce, d’autant plus que l’agent en question a certainement été abattu par un représentant de l’Union Européenne. L’un des pays européens est, en effet, soupçonné de vouloir tirer parti seul des richesses du pays africain. En dépit du veto du Conseil des Sept, l’Agence va tout de même essayer de protéger le Président du Como et de découvrir qui tire les ficelles de la déstabilisation du pays allié, en pleine guerre civile.
L’enquête commence par le suivi rapproché de trois suspects, un diplomate, un agent spécial américain et un industriel. Mais tandis que l’équipe prépare son départ en Afrique, le comportement de Matéo, l’un des membres de l’équipe, est de plus en plus bizarre. Il a, semble-t-il, un compte à régler au Como. Et son accueil détonant sur place n’est pas pour le faire changer d’avis.
Egide +
Pour ce deuxième épisode d’une série conçue comme un feuilleton télévisé européen à l’américaine, il y a du progrès dans l’air. Le scénario est moins basique et moins guidé par l’action. Les séquences de poursuite ou de combat sont davantage mises au service du scénario. Le contexte politique est plus élaboré et l’intrigue est plus fournie, entre espionnage classique à Bruxelles, New York, flashback sur le passé de Matéo, encerclement de la capitale comolienne, Siganae…
Pour le dessin, Gabriel Morrissette a suivi la voie du premier maître. On retrouve grosso modo les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans le premier album : tonalité comics, corps en mouvement, décors réalistes et précis, quelques variations imprécises des visages à l’expression figée, rides intempestives sur les visages, enchaînement dynamique des cases, peu de changement d’angles de vue. Les traits semblent un peu plus ronds. Les couleurs sont plus chatoyantes. La palette des couleurs est plus large.
Inhabituel dans ce genre de série, un résumé synthétique rappelle le contenu du premier album et son lien avec le suivant. Un petit plus dont pourraient s’inspirer d’autres collections.
Un bon scénario. Une réalisation très honorable. On passe un moment agréable. Lecture recommandable et recommandée.