Jack Vance naît en 1916 en Californie. Il commence à écrire dans les années 1940 et publie sa première nouvelle en 1945. Ce grand monsieur de la science-fiction a écrit de nombreux romans et cycles, dont certains célèbres : Emphyrio, Le Cycle de Tschaï, La Geste des Princes-Démons…
Le Bélial' réédite, en version intégrale, le cycle de La Planète Géante. Comportant deux romans, La Planète Géante et Les Baladins de la Planète Géante, c’est une œuvre dans le plus pur style de l’auteur.
La Planète Géante est un monde situé en dehors des limites d’application de la loi terrienne. Elle est livrée à elle-même. Colonisée par des groupes refusant contraintes et autorités, il y règne l’anarchie, sauf au sein de diverses communautés réparties sur toute sa surface.
La Planète Géante, premier roman à utiliser ce décor, a été écrit en 1951. Il raconte les aventures de Claude Gystra et de la commission terrienne venus contrecarrer les projets du Bajarnum de Beaujolais. Ce tyran veut dominer la Planète Géante toute entière et la Terre n’y tient pas. Malheureusement, le vaisseau spatial amenant les Terriens s’écrase. Les rescapés vont devoir parcourir soixante-cinq milles kilomètres pour rejoindre l’enclave terrienne… et la sécurité.
Dans Les Balladins de la Planète Géante, écrit en 1975, Vance narre les péripéties d’Apollon Zamp. Ce dernier est directeur d’une troupe de gens du spectacle et propriétaire d’un bateau-théâtre. Il gagne le droit de participer à un concours très prisé organisé par le roi Waldemar. Mais Zamp va affronter d’innombrables difficultés pour rejoindre Mornune, où doivent se dérouler les épreuves. Outre les nomades pillards et la concurrence déloyale des autres troupes, ce sont ses confrontations avec les habitants de la Planète Géante – et leurs coutumes bizarres – qui lui causeront bien des soucis…
Qui dit « Vance », dit « émerveillement »
Le diptyque La Planète Géante/Les Baladins de la Planète Géante se déroule, comme c’est souvent le cas dans les romans de Jack Vance, dans un décor fabuleux.
La Planète Géante est un monde d’une richesse immense. Même si seulement deux romans l’ont pour cadre, on en apprécie toute la richesse. Et il y aurait matière à bien d’autres récits. Dans le premier récit, les héros parcourent de vastes régions. Ils rencontrent maintes peuplades. Dans le second, nous découvrons des villes et des villages et leurs habitants des bords du fleuve Vissel. Combien l’auteur nous décrit-il de lieux, de peuples aux coutumes aussi diverses que variées ? Assez peu dans le détail, en fait. Mais on sait, grâce aux notes de bas de page, aux allusions à des régions lointaines, aux évocations de peuples exotiques, que l’on ne fait que gratter la surface d’un univers extrêmement vaste.
Toutefois, cela rajoute beaucoup d’intérêt aux héros de ces deux romans (typiques des œuvres de Vance) : ils doivent affronter maints dangers… parfois provoqués par leur propre témérité.
Deux romans bien différents
La Planète Géante est un des premiers romans écrits par Jack Vance. Cela en fait un ouvrage passionnant. Il est en effet intéressant de découvrir ce qu’un des plus grands écrivains de science-fiction a pu écrire à ses débuts. En ce qui concerne Vance, il n’y a pas beaucoup de différence avec le reste de sa production. C’est visiblement un don chez lui que de conter fabuleusement. Et son imagination est débordante. Tout est déjà présent : le talent de l’écriture, la profusion des idées et des images exaltantes.
L’histoire contée dans ce roman n’est pas sans rappeler les péripéties d’Adam Reith dans Le Cycle de Tschaï. L’idée de base est la même : un incident fait s’échouer le héros sur une planète dépaysante. L’auteur peut alors s’en donner à cœur joie pour décrire les paysages et les peuplades autochtones de ce monde méconnu. Bien sûr, en un seul roman, Jack Vance ne peut pas faire aussi bien que dans une tétralogie. Toutefois La Planète Géante, écrit près de vingt ans avant la fameuse saga, ne démérite pas, pour une œuvre de jeunesse.
De son coté, Les Baladins de la Planète Géante est plus tardif. Jack Vance, peut-être par facilité, place son récit sur un monde inventé un demi siècle plus tôt. Le prologue, un extrait du "Guide des planètes habitées", lui permet sans trop d'efforts de replanter le décor.
En tout cas, ce roman démontre la progression de l’auteur dans la maîtrise de l’écriture et de la construction d’un récit. La superficialité des personnages est nettement moindre, les dialogues bien meilleurs, le récit moins linéaire. Ce roman est un très bon Vance, mais ce n’est pas un hasard. Lui aussi fait penser à un autre ouvrage de l’auteur : Space Opera, écrit près de dix ans plus tôt. Jack Vance y décrit l’expédition du Phébus dans toute la galaxie, afin de présenter l’art lyrique aux peuples extraterrestres. L’auteur réutilise les bonnes idées de ce récit pour écrire Les Baladins de la Planète Géante. On retrouve évidemment la troupe d’artistes, les immanquables et cocasses disputes entre le directeur et les acteurs, les confrontations malheureuses avec des publics irascibles…
Ce roman démontre que Vance n'hésite pas à réutiliser des idées qu'il a déjà utilisées. Mais il a la capacité de les renouveler sans lasser le lecteur. Les Baladins de la Planète Géante est donc très plaisant à lire malgré une impression de redite marquée. Le rythme de l’histoire ne faiblit jamais. Les personnages sont atypiques.
Vance c’est bon, lisez-en !
Planète Géante, l'intégrale est un bien bel ouvrage. Il propose deux bons romans de Jack Vance. Ils sont toutefois considérés comme mineurs dans son œuvre. En effet, malgré leurs qualités, le célèbre auteur n'y livre pas tout à fait son meilleur. Les fans de Jack Vance ne doivent pourtant pas passer à côté. Les néophytes, eux, devraient d'abord se tourner vers des romans plus célèbres de Vance avant d'aborder ces textes secondaires.