Black man
Richard Morgan est un auteur anglais qui a connu un fort succès avec son premier roman, Carbone modifié, mélange de polar et de cyberpunk. Plusieurs de ses romans se déroulent dans le même univers, notamment Anges déchus et Furies déchaînées.
L’auteur utilise dans Black man les ingrédients qui ont fait son succès : action, polar et cyberpunk, bien que cet aspect soit moins prégnant ici.
Un monde riche
Dans un monde sans guerre, Carl Marsalis est l’un des derniers soldats : son rôle est de pourchasser ses semblables, les variantes 13, des guerriers modifiés génétiquement. Lors d’une mission, il se trouve confronté à ses origines et doit affronter de vieux démons afin de découvrir un sens à sa vie.
Le récit prend place dans un monde futuriste relativement proche du nôtre dont il souligne les aspects les plus sombres. Si les guerres ont disparu, les inégalités sont toujours aussi fortes. L’auteur décrit ainsi un monde où les perspectives d’avenir sont bien maigres pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être nés au bon endroit.
Sous forme d’enquête policière, l’auteur présente les différents protagonistes et passe de l’un à l’autre tout au long du roman, la part la plus importante étant accordée au héros, Carl Marsalis. Le monde est ainsi vu par les yeux de ces différents personnages, les divers points de vue contribuant à donner corps et consistance à l’univers.
On découvre ainsi progressivement un monde corrompu qui n’a pas toujours digéré les progrès de la technologie : les modifications génétiques sont ainsi entrées dans les mœurs, ce qui n’empêche pas à nombre de problèmes de se poser. L’aspect cyberpunk avec son cortège d’intelligences artificielles et d’environnements virtuels vient parachever le tableau d’un univers sombre et saisissant de réalisme.
Une réflexion sur la différence
En décrivant un être à part, confronté au racisme et à la haine de ses semblables, ce roman lance une belle réflexion sur la différence et la difficulté à être accepté par les autres mais aussi sur celle de s’accepter soi-même. Le héros est en lutte constante pour ne pas ressembler à l’image de monstre qu’on se fait de lui. A bien des égards, il est même bien plus humain que ceux qui le rejettent.
À cette réflexion sur la différence viennent s’ajouter une critique des religions quand elles mènent au fanatisme et un discours sur les dangers de la génétique si elle est érigée en dogme.
Les références scientifiques utilisées par l’auteur sont parfaitement digérées et intégrées au roman : pas d’explications compliquées, le tout est amené de main de maître ! De l’excellente SF en somme, très orientée action mais qui ne s’interdit pas de réfléchir sur la génétique, l’intolérance et la solitude. Une œuvre dense, sombre… une réussite !