Au nombre des prix remportés par Joëlle Wintrebert on compte trois Rosny aîné : un pour sa nouvelle
La Créode, en 1980 et, dans la catégorie Roman., pour
Les Olympiades truquées en 1988 et
Pollen en 2003.
Le Créateur chimérique initialement publié par les éditions
J’ai Lu, a obtenu quant à lui le Grand Prix de la science-fiction française en 1989.
Voici ce même roman, repris chez
Gallimard, dans la collection
Folio SF, vingt ans plus tard.
L’accident albinos Damballah est un Ouqdar trop curieux. Il s’interroge sur ses origines, sur les croyances simplistes qui structurent sa société et sur le caractère obligatoire de la
Sci, le processus de division qui doit bientôt donner naissance à un double de lui-même pour créer sa lignée. Lorsqu’il devient évident que son double sera, non pas noir, comme tout Ouqdar, mais blanc, ses doutes s’amplifient. Damballah décide alors d’échapper au contrôle des religieux pour rester uni à ce double extraordinaire qu’il perçoit femelle et qu’il nomme Ayuda.
Un monde cohérent créé de toute pièce Farkis, le monde où évoluent les Ouqdars semble étrange, à plus d’un titre. En suivant Damballah dans l’exploration des villes de surface et de leurs équivalents souterrains, on découvre des modes de vie différents avec leurs croyances propres, leurs coutumes (tatouages, carnaval, luttes...) et autant de façons de gérer des communautés humaines. Les paysages, eux aussi, se révèlent variés et hauts en couleurs. Les Ouqdars, quant à eux apparaissent comme un peuple sans autre but que l’adoration de ses dieux. Il fallait bien un grain de sable dans cette mécanique trop bien huilée.
De la nécessité d’une suite Le Créateur chimérique est construit pour donner une suite à
La Créode , la nouvelle constituée des quarante premières pages du présent roman, et qu’on peut retrouver dans l
e recueil publié en 2009 par le Bélial’. Grâce à cette suite, on apprend ce que deviendront Damballah et Ayuda. On approfondit la découverte de Farkis et de ses systèmes d’interactions.
Était-il, pour autant, nécessaire de pousser l’exploration jusqu’à l’envers du décor ?
Les questions sont, quelquefois, plus fertiles que les réponses. Aussi, la rencontre de Damballah avec
La Vérité peut-elle s’avérer décevante, comme la destruction pure et simple d’un monde de rêve auquel on s’était habitué pendant plus de trois cent pages.
Si le but de cette brutale levée de voile était de faire partager au lecteur la stupeur et l’incrédulité de Damballah, l’objectif est atteint. Il semble, hélas difficile, ensuite, de faire encore confiance à l’auteur et d’accepter, sans rechigner, les données nouvelles.