Sombres complots
Roger Leloup travaille depuis de nombreuses années sur la série Yoko Tsuno, du nom de l'héroïne qu'il a inventée et qui occupe tous les albums et les livres qu'il réalise. Humour, amitié et humanité sont les principales caractéristiques des aventures que vivent la jeune femme – toujours jeune malgré le temps qui passe pour les lecteurs – et ses amis. Que ce soit sur Terre, dans le temps ou l'espace, l'auteur a su créer une œuvre intemporelle qui ne vieillit pas, bien que le premier volume soit sorti en 1969, soit voici 40 ans !
L'actuelle réédition en volumes regroupant les aventures trois par trois, suivant plus les thématiques abordées que l'ordre de parution ou la chronologie de la vie de Yoko, est un vrai bonheur. Même si, au fil des tomes, les dossiers qui forment les prologues des récits perdent de l'intérêt et du volume, l'ensemble garde une belle qualité et permet de retrouver des sensations importantes.
Au-delà des combats se cachent des hommes et des femmes
Cette série de récits se place dans le temps actuel, sur notre Terre. Les trois histoires de ce recueil tournent autour des mêmes notions : la folie des hommes, l'amour du pouvoir et de l'argent. Que ce soit au Japon, en Écosse ou en Allemagne, les aspirations de certains ne changent pas et seule leur propre personne leur importe. Au point qu'ils sont inconscients ou insensibles aux destructions et aux blessures qui jalonnent le chemin tortueux sur lequel chemine leur vie.
La Fille du Vent, surnom donné à Yoko, lui va parfaitement dans la première histoire où se mêlent la technologie la plus terrifiante et les peurs primales des Japonais envers les typhons. Abnégation, don de soi, voilà qui seul pourra faire prendre conscience aux savants aveugles que la vie vaut plus que leur orgueil.
La proie, c'est une jeune femme, mais l'ombre, elle, reste cachée dans le second volet. Entre bassesse et amour, vengeance et héritage, les cœurs des hommes dévoilent leur noirceur. Encore une fois, la paix ne peut venir que du sacrifice et la lumière de l'obscurité.
Pour la dernière partie, dans un jeu de pouvoir et d'argent pour le contrôle d'une société, l'humanité de chacun disparaît, noyée dans une lutte où tous les coups sont permis, jusqu'aux plus atroces. Pourtant, c'est le respect et l'amitié qui triompheront, comme toujours avec Roger Leloup.
Noirceur et Lumière
Ce volume est vraiment représentatif de la pensée de Leloup, du moins de celle qu'il fait passer au travers des aventures de Yoko Tsuno. Peut-être plus que jamais dans les albums de l'auteur, ces trois récits sont durs et froids. Tragiques, ils montrent l'ampleur de la force que l'âme humaine peut mettre tant à la destruction qu'à lutter contre la fatalité. Ces histoires sont horribles, montrant des facettes des hommes que l'on préfère normalement cacher. Mais évidemment, les bons côtés triomphent à la fin et apportent le calme parmi les hommes.
Un point remarquable est dans les dernières pages de l'Or du Rhin : Yoko, grâce à un testament, devient subitement riche, millionnaire. Pourtant, elle n'en fait pratiquement aucun cas, préférant s'assurer de l'amitié des personnes rencontrées pendant le trajet dans le train. Une manière élégante de minimiser le rôle de l'argent, de montrer combien l'humain prime sur le matériel, en trois cases.