BD
Photo de Vampyres Sable noir

Vampyres Sable noir

Jean-Paul Krassinsky (Scénariste), Denis-Pierre Filippi (Scénariste), Michel Durand (Dessinateur), Laetitia Schwendimann (Coloriste), Sylvain Ricard (Scénariste), Philippe Thirault (Scénariste), Marc Védrines (Scénariste), Dave Mc Kean (Illustrateur de couverture), Tommy Redolfi (Dessinateur), Patrick Laumond (Dessinateur), Alcante (Scénariste), Steve Lieber (Dessinateur), Guillem March (Dessinateur), Matteo (Dessinateur), Sébastien Gérard (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/09  -  BD
ISBN : 9782800140988
Commenter
stephaneg   - le 31/10/2017

Vampyres Sable noir

Le projet Vampyres Sable noir réunit plusieurs scénaristes et dessinateurs de bandes dessinées, parmi lesquels certains sont renommés. On compte parmi ceux-ci Steve Lieber et March Guillem (dessinateurs de comics), Denis-Pierre Filippi (scénariste du Croquemitaine ou encore des Corsaires d'Alcibiade), Philippe Thirault (O'Boys, Mandalay, La Fille du Yukon), Alcante (connu surtout pour la série Pandora Box) ou Michel Durand (Cliff Burton notamment).
D'autres sont moins connus, comme les dessinateurs et coloristes Tommy Redolfi, Patrick Laumond, Matteo, ou les scénaristes Jean-Pierre Krassinsky, Marc Védrines, Sylvain Ricard.

Six nouvelles, six films, six bandes dessinées

En 2006, Cartel Prod commande six nouvelles à des écrivains de différents genres (Xavier Mauméjean, François Rivière, Maud Tabachnik...). Le pitch des histoires est le même : « Dans le village de Sable noir, la malédiction s'abat le 3 novembre... ». Les six nouvelles furent ensuite adaptées en moyen-métrage puis J'ai Lu les publia.
La deuxième saison sur le même thème est lancée quelques années plus tard, intitulée Vampyres. Cette fois, les six nouvelles sont signées Brigitte Aubert, Ann Scott, Colin Thibert, Caryl Férey, Thierry Jonquet et Pierre Pelot. À l'adaptation en moyen-métrage s'ajoute une interprétation en BD, donnant deux albums contenant chacun trois des six courtes histoires.

Six BD de qualités variées pour un bon résultat global

Souvent, les projets collectifs fournissent à boire comme à manger au lecteur. Vampyres Sable noir n'échappe pas à la règle. Le pitch de départ étant vague, il a donné cours à des histoires partant dans des directions extrêmement différentes. Le résultat, adapté en bande dessinée, est parfois cocasse, parfois superbe, parfois décevant.

Le premier tome de Vampyres Sable noir s'ouvre sur De sang frais, signé Filippi et Laumond, d'après la nouvelle de Brigitte Aubert. On y découvre une famille typique (père, mère, fille et fils), emménageant dans le tranquille village de Sable noir. Mais un cadavre est découvert. Le père, ancien paparazzi, aide la police locale dans son enquête. On prend énormément de plaisir à découvrir le secret de Sable noir, d'autant que les dessins de Patrick Laumond sont superbes et qu'il joue habilement des couleurs pour imprégner ses planches de l'ambiance pesante du mystère qui habite le village.

Avec La Maison sur la colline, Ricard et Redolfi adaptent la nouvelle de la célèbre Ann Scott. Cette dernière raconte les tourments d'une petite fille et de sa mère, traquées par leur père/mari qu'elles ont fui. Le fantastique (des fantômes plutôt que des vampires) s'installe abruptement dans l'histoire, sans explication, sans conclusion digne de ce nom. On se perd dans la mise en images et couleurs brouillonnes. Malgré un style graphique saisissant, Redolfi ne convainc pas. Ann Scott, adaptée par Sylvain Ricard, non plus.

On retrouve Denis-Pierre Filippi au scénario d'Alizarine, tirée de la nouvelle de Colin Thibert intitulée La Nuit éternelle. Associé cette fois à Steve Lieber au dessin et Sébastien Gérard à la couleur, il raconte l'histoire de Gégé, dit L'Assommoir, ancien boxeur professionnel qui a rangé ses gants pour vivre une tranquille vie de famille. Mais son ami Kader influence le colosse un peu naïf et le fait participer à des coups douteux. L'histoire avance lentement pour mettre en avant le personnage de Gégé. C'est donc, de toutes les histoires de Vampyres Sable noir, celle qui possède le personnage le plus élaboré. Mais c'est aux dépens d'un récit dans lequel le fantastique – et les vampires – se révèlent anecdotiques. Ce troisième récit du premier tome du diptyque se révèle toutefois plutôt réussi.

Avec le deuxième tome, Vampyres Sable noir confirme une qualité globale bonne. C'est Alcante et Matteo qui ouvrent le bal dans ce second volume. Les Âmes batées de Pierre Pelot deviennent Les Âmes meurtries et dévoilent le destin du petit village moyenâgeux de Sable noir, revécu par un vieil homme alors qu'il se suicide dans sa baignoire. Si Matteo brille au dessin et à la couleur, il ne réussit pas à transcender un scénario où le suspense tombe à la fin de façon décevante, comme un soufflé au fromage à la sortie du four.

Les deux autres histoires du tome 2 sont bien meilleures, peut-être parce qu'aussi plus provocantes. Thibault et March s'attaquent à l'adaptation de Dans la peau de Caryl Férey. On y fait la connaissance de deux femmes rêvant de faire du cinéma et écumant les castings. La première est une allumeuse dont la distinction est inversement proportionnelle à la taille de sa poitrine. Son amie est plus maligne et plus prudente. Quand les deux jeunes femmes croiseront des vampires, leur destin ne sera pas le même... On prend plaisir à lire cette histoire malgré des personnages caricaturaux, tant dans leur apparence qu'au niveau psychologique. Le côté osé des dessins place toutefois cette histoire parmi celles réservées aux adultes.

Enfin, c'est avec Krassinsky et Védrines au scénario, Durand au dessin et Schwendimann à la couleur que le lecteur achève la lecture de Vampyres Sable noir. Le Vrai du faux est inspirée de la nouvelle éponyme de Thierry Jonquet. C'est une histoire croustillante mettant en scène Jean-Loup Brunkenzer, écrivain qui a eu sa courte heure de gloire en 1985 avec son roman « L'Innocence divorcée ». Mais depuis, il n'a plus rien écrit de valable. À court d'argent, endetté, il se lance, avec l'espoir que cela relancera sa carrière, dans l'écriture d'un roman de vampires, puisque c'est à la mode. Mais cela ne se révèle pas aussi facile que prévu... Récit ironique sur le travail de l'écrivain, Le Vrai du faux est un bijou d'humour avec son personnage de loser qui va infiltrer une communauté de vampires pour trouver l'inspiration. Servie par des dessins réussis de par leur loufoquerie, celle ultime histoire de l'album est excellente.

Vampyres Sable noir est un diptyque de qualité, contenant deux histoires à l'impact faible (en partie parce qu'elles sont hors sujet) et quatre autres de bonne, voire très bonne tenue. Elles donnent des visions tantôt classiques, tantôt originales du mythe du vampire, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?