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Le Tueur venu du Centaure

Jacques Barbéri ( Auteur), Philippe Sadziak (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/09  -  Livre
ISBN : 9782917157107
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Lavadou   - le 31/10/2017

Le Tueur venu du Centaure

Jacques Barbéri clôt enfin sa trilogie entamée avec Narcose en 1989, suivi de La Mémoire du crime en 1992. Les deux ouvrages ont été réédités par La Volte en 2008 et 2009. Le Tueur venu du Centaure, inédit, est le quatrième livre de Barbéri publié par La Volte. Un deuxième recueil de nouvelles, après L'Homme qui parlait aux araignées, est en préparation.

Jonction narcotique

Autant Narcose et La Mémoire du crime peuvent se lire indépendamment, autant il vaut mieux les avoir digérés avant d'attaquer Le Tueur venu du Centaure. Ce dernier suit en effet directement le deuxième volume de la trilogie, et opère une jonction avec le premier pour structurer l'ensemble de manière cohérente et aboutie.

Ce troisième tome voit Katleen Slobovtna, flic de la Brigade des Corps de Narcose, aux prises avec une affaire de combustion instantanée à laquelle semblent mêlés la Compagnie de navigation interstellaire, la Brigade de Sécurité du Territoire et Abraham Flighenstein, le premier astronaute interstellaire de retour de la nébuleuse de la Tarentule. Alors que son enquête avance, ses supérieurs lui mettent des bâtons dans les roues et elle va devoir ruser pour ne pas se faire retirer l'affaire.
Parallèlement, une détective privée, Karen Novalsky, est chargée par un mystérieux homme de retrouver rien moins que son double, qui est en fait sa personnalité principale. Une affaire où la réalité semble s'effacer dans les vapeurs de whisky que la jeune femme ingurgite à longueur de journée.
Enfin, aux portes du mythopoïos – ce monde virtuel maintenu par un ordinateur organique et dirigé par une I.A. autonome – des démons antédiluviens attendent le moment où ils pourront envahir Narcose et retrouver leur pouvoir.

Dans ce maelström d'intrigues, de personnages et de mondes, alors que fiction et réalité s'entremêlent, le destin de Narcose va se jouer, reposant sur quelques femmes et hommes aux pouvoirs insoupçonnés.

La suite que l'on attendait

Jacques Barbéri était un peu attendu au tournant, après la réédition des deux premiers tomes de la trilogie Narcose. Allait-il réussir à la clore avec autant de brio qu'il l'avait commencée ? Allait-il donner une cohérence à toutes les pistes ouvertes jusqu'ici ? La réponse est indéniablement oui.

Même si le début du roman marque un peu le pas avec quelques légers défauts (notamment, trop de références au XX ème siècle, peu cohérentes avec l'univers de Narcose, ou bien une scène sur Europe à l'intérêt peu évident), on est vite embarqué dans cette intrigue multiple qui, dès le départ, brouille les liens entre réel et virtuel. Comme dans les précédents tomes, Barbéri adopte un rythme effréné, ne perdant pas de temps en vaines explications ou digressions. Les informations sont communiquées en temps voulu, sans artifice. La lecture de Narcose et de La Mémoire du crime s'avère ainsi indispensable non seulement pour comprendre l'intrigue, mais aussi pour percevoir l'univers du Tueur venu du Centaure : l'auteur fait en effet peu de rappels et considère comme acquis l'environnement de son histoire. Il peut ainsi se concentrer sur le scénario et les personnages.

Des personnages typiquement barbériens. Emportés par la folie ambiante aussi bien que par leurs propres délires, ils peinent à trouver un sens à ce qui leur arrive, jouets de puissances supérieures qui les dépassent. Quoi de plus normal : ce sont des héros, au sens romanesque du terme. Ils sont donc à la merci de leur créateur... mais aussi intrinsèquement exceptionnels, liés à l'intrigue de façon fusionnelle, indissociable. On retrouve là ce qui nous avait marqué dans Narcose : la puissance de la création littéraire, sa capacité à donner vie à des histoires, des personnages, des univers, à effacer les frontières entre fiction et réalité.

Au-delà de sa thématique globale, Le Tueur venu du Centaure est également un roman jouissif, délirant, avec sa galerie de démons qui envahissent Narcose, donnant lieu à des scènes proprement infernales. On sent l'auteur qui s'amuse avec ce joyeux foutoir, et l'on est gagné par son enthousiasme.

Le Tueur venu du Centaure est donc le roman que l'on attendait : frénétique, drôle, ingénieux, créatif. Il fait se rejoindre comme il faut les deux livres précédents et nous ouvre des perspectives vertigineuses sur la création littéraire et l'imagination en général.

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