La Nuit du Bébé-Garou

José Luis Munuera est un auteur de bande dessinée espagnol. Il est notamment le co-auteur, avec Joann Sfar, de la série Merlin, qui raconte l’enfance facétieuse du magicien renommé.

La Nuit du Bébé-Garou est le premier tome d’une nouvelle série, Walter le loup, dont le personnage principal est lui-même inspiré d’Ysengrin, tiré d’un album de Merlin (Le Roman de la mère de Renart). Le deuxième tome paraîtra au mois de juillet.

Walter le loup découvre un bébé abandonné dans la forêt. Attendri, il s’approche de l’enfant. Mais celui-ci se jette immédiatement sur le doigt du canidé, qu’il a choisi comme « tututte », et s’y accroche fermement. Dès la nuit venue, le bébé se transforme en monstre. Walter tente alors de s’en débarrasser…

« Bip-bip ! »

La Nuit du Bébé-Garou joue avant tout sur le comique visuel, dans un style surréaliste très proche des « Looney Tunes ». Walter, le gentil loup un peu maladroit, ressemble évidemment au pauvre Vil Coyote du dessin animé « Bip-bip et le coyote », qui se retrouve toujours dans des situations cocasses – comme par exemple la chute répétitive depuis le haut d’une falaise, que Walter expérimente également. Pour le bébé-garou, on pense plutôt au personnage d’Elmira, qui martyrise sans s’en rendre compte les animaux pour lesquels elle s’est prise d’affection. Le clin d’œil est clairement assumé, comme le démontre la quatrième de couverture, où l’on peut voir une enclume prête à tomber sur la tête de Walter. D’autres références parsèment l’album, comme celle faite au personnage de Bonnemine dans Astérix, lorsque la tenancière de l’auberge nettoie furieusement le sol avec son balai en râlant contre son mari. Mais le comique verbal n’est pas en reste, et accompagne les gags visuels pour mieux les mettre en valeur. Autre point fort de cette nouvelle série, ce premier album se suffit à lui-même – nul besoin d’attendre fébrilement le tome 10 pour atteindre le dénouement.

Des personnages bien trempés

Les personnages de La Nuit du Bébé-Garou sont attachants, leurs expressions corporelles et faciales sont très bien rendues et nous font rire d’elles-mêmes : petite mention spéciale décernée aux moutons, que l’on verrait bien dans le rôle du gimmick récurrent dans les prochains tomes. Le seigneur Frazzetius, abruti prétentieux, n’est pas sans faire penser au Gaston de « La Belle et la Bête » de Walt Disney. Côté trame de fond, les décors et les couleurs sont en revanche un peu trop minimalistes, pas assez fouillés. Mais le très bon coup de crayon de Munuera compense ces petits défauts. L’accent est donc mis sur les personnages plutôt que sur l’univers de la BD.

Un album drôle et concis

Ce premier volume des aventures de Walter le loup fera sourire petits et grands. Drôle et concis… rien de tel pour se détendre en quelques pages. Une petite parenthèse de légèreté dans ce monde de brutes.