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Malédiction !

Cerise (Coloriste), Clarke (Dessinateur), François Gilson (Scénariste)
Aux éditions : 
Date de parution : 07/05/10  -  BD
ISBN : 9782800146928
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Christian   - le 31/10/2017

Malédiction !

Le Mélusine millésime 2010 est marqué du signe de la malédiction. Clarke et Gilson collaborent une dix-huitième fois à l’album d’un des personnages phares du journal Spirou, leur série fétiche, appréciée des ados et préados. La jeune sorcière a survécu sans coup férir à la vogue celto-fantastique de la sorcellerie à la mode Harry Potter, Witch, Winx, l'école Abracadabra, Tara Duncan ou Waverly Place. Elle a ceci de particulier qu'elle vit dans un château avec un entourage de type famille Addams, où défile toute la galerie des démons, monstres ou autres créatures maléfiques.

Quand Gilson nous donne à les connaître, ces créatures sont d'ailleurs, le plus souvent, sympathiques. Et si elles sont laides, affreuses, méchantes, asociales, c'est moins par nature ou expiation que par malédiction. En tant que sorcière, Mélusine est certes persécutée de temps en temps (condamnée au bûcher), mais elle est plutôt gâtée dans l'ensemble. Elle est jeune, jolie, douée pour la magie. C'était donc rendre justice à la série que d'en faire, au milieu de ses amies maudites et ses proches damnés, elle aussi le jouet d'une malédiction.

Mauvaise malédiction

Après une petite escapade à Tahiti, l’orage fait rage sur le château de Mélusine. Le cavalier sans tête fait irruption et ramène une bande de spectres à la maison. Tandis que Cancrelune s’interroge sur ce qu’est une malédiction, elle doit faire face à l’acharnement d’un livre carnivore. Là où les choses se gâtent, c’est quand elle interpelle le professeur de magie, qui par un tour de passe-passe transfère la malédiction de Cancrelune sur Mélusine. Mauvaise pioche. Dès lors, Mélusine ne sait plus voler correctement sur son balai, ne sait plus atterrir autrement qu’en se cassant la figure, ne sait plus réussir ses potions. Mélusine est maudite.

Heureusement, à la faveur d’une erreur de transformation, tous les élèves se muent en Cancrelune. Après quelques sorts ratés, le professeur restitue à chacun sa personnalité et sa malédiction d’origine. Cancrelune redevient malchanceuse et Mélusine retrouve le cavalier sans tête. Et d’un baiser sur sa tête mobile, elle peut rompre sa malédiction. Et hériter d’une autre.

Bénédiction

Plus que dans les albums précédents, Gilson lie les histoires d’une à plusieurs pages par la thématique annoncée dans le titre. À deux gags près, il est bien question de malédiction. La malédiction du cavalier sans tête, la maladresse de Mélusine ou encore l’envers des sorts lancés un peu rapidement (la téléportation, l’appel de la pluie, …). Les gags (pour ne pas dire les chutes) de Mélusine transformée en Cancrelune volante sont auto-référents, ils supposent une certaine familiarité du lecteur avec la série. La mécanique comique des autres histoires, plus courtes, est mieux rodée. Un très bon équilibre dialogue et dessin sur l’ensemble de l’album.

On retrouve toujours le trait élégant et souple de Clarke, avec ses visages hyperexpressifs et ses corps en mouvement dans la tradition des Franquin et des Vehlman qui en accentuent la dimension cocasse. L’histoire est globalement centrée sur les relations entre Cancrelune et Mélusine, traitées dans un registre alternativement noir (l’intérieur et la nuit) et coloré (l’extérieur jour). Les scènes entre Mélusine et Jerohne Kopf, le cavalier allemand à la tête coupée, sont plus sombres, ambiance film d’horreur avec un final digne du banquet d’Astérix.

La série garde toute sa fraîcheur gentiment macabre, dans une atmosphère Halloween bon enfant, où toute malédiction est prétexte à dérision. Drôle, efficace et horrifiquement correcte. Une vraie bénédiction.

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