Passé 2

Passé 2

Voyageur est une série scénarisée par Pierre Boisserie et Éric Stalner. Accompagnés de différents dessinateurs, ils nous offrent une longue saga – de treize tomes lorsqu'elle sera complète – qui nous entraîne à rebours dans le temps, depuis un futur noir jusqu'à un passé complexe.

Pour ce nouveau volet, c'est Siro (l'un des dessinateurs d'Aquablue) qui assure la transcription en pages des idées des scénaristes.

Une petite guerre tranquille

Projetés une nouvelle fois à travers le temps, les deux frères voyageurs arrivent à Paris en 1940. Les vainqueurs paradent dans les rues et l'ordre règne, du moins en apparence. Le fascisme est à l'œuvre, qui pervertit les esprits et pousse même les plus calmes au pire.

Peut-on trouver la paix et l'amour dans un monde en pleine tension ? En tout cas, c'est ce que va rechercher Fish, sans se douter que son frère a, une nouvelle fois, choisi un camp différent du sien, cherchant à annuler ses efforts pour transformer l'avenir et apporter un peu de calme et un futur plus rose à l'humanité.

Chacun à leur manière, Fish et Lou vont devoir décider de ce qui est juste, et jusqu'où l'on peut se compromettre sans abandonner son humanité.

Pas si facile que cela

La Seconde Guerre Mondiale est l'espace temporel préféré des auteurs d'uchronie et l'on pourrait penser que tout a déjà été dit ou écrit sur cette période. Y plonger les deux voyageurs était donc une gageure, d'autant plus que le lecteur, connaissant leurs penchants, sait déjà comment chacun d'eux va se placer sur l'échiquier politico-guerrier de la France occupée.

Mais les scénaristes ne se laissent pas prendre au piège de la facilité. Ils ont créé des personnages complexes, ils ont prévu des rebondissements dont certains sont des surprises absolues, bien qu'évidentes. Amour, haine, violence et remords sont partout dans les pages de ce tome. On ne peut que regretter un peu le manichéisme avec lequel les auteurs regardent la présence allemande en France – mais ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l'histoire, en se donnant le beau rôle.

Le dessin de Siro, bien que parfois un peu caricatural, donne une large place aux expressions, corporelles autant que faciales, des personnages. Il fait ressortir les émotions et les passions avec une force appréciable, tout en brossant un Paris à la limite de l'esquisse, mais qui en prend d'autant plus de vie et de force.

Ce tome a peut-être plus de puissance, de présence que les autres, et pourrait presque être lu sans les précédents tant il tient debout tout seul.