Le Sang des innocents

Le Sang des innocents

Né en 1950 à Paris, Didier Convard a un CV de scénariste de bande dessiné long comme le bras. Pour n'en citer que quelques-unes, on évoquera les séries Finkel, Hertz, INRI, Polka, Rogon le Leu, Le Protocole du tueur et bien entendu Le Triangle Secret. Avec Neige Fondation, il revient à la science fiction pour une série qui est une préquelle de son cycle Neige, un monument de la BD du genre, racontant un futur dans lequel l'Europe est soumise à un long hiver de plusieurs décennies. Il partage le scénario avec Éric Adam, que l'on a déjà lu dans Les Contes du 7ème souffle, Nil, La Tranchée... mais aussi avec certaines histoires de Lucky Luke, Rantanplan ou Le Marsupilami. Côté dessins, Christian Gine a cédé les pinceaux à Didier Poli (L'Enfant de l'orage) et Guillaume Bichet, dont c'est le premier album.

L'Europe sous la neige

Loin dans le futur, l'Europe est donc recouverte d'un épais manteau blanc. Les humains sont retournés à l'état de peuplades parcourant les vallées enneigées pour trouver leur nourriture. Le Clan des Vol-ce-L'Est aura bientôt un nouveau membre... Mais pour que la femme de Boris puisse accoucher dans de bonnes conditions, ils doivent aller chercher refuge dans un clan d'Hospitaliers. Derrière leurs murailles, ils possèdent tout l'équipement médicalisé nécessaire à une naissance. À condition que les Vol-ce-L'Est payent leur entrée avec de la nourriture et des peaux de bêtes. À condition également qu'ils évitent les mille et un dangers qui les guettent sur la route du refuge...

Un retour un peu décevant

Les nostalgiques de la série Neige seront sans doute ravis de reprendre une bonne louche de l'univers développé par Convard et Gine. Sauf que pour l'instant, Neige Fondation n'est pas tout à fait à la hauteur de son illustre aînée... La faute essentiellement au scénario. Il possède pourtant le charme des mondes post-apocalyptiques, mélange d'un retour au système de clans, d'entraide pour survivre mais aussi de restes de technologies. On sent bien la force qui unit les membres du sympathique clan des Vols-ce-L'Est. Dans ce monde qui semble perdu, il y a encore de l'humanité dans les rapports entre les hommes, tout du moins entre ceux qui n'essaient pas de s'entretuer pour survivre...

Les soucis de cet album résident essentiellement dans l'enchaînement des événements qui ne semblent pas tout à fait crédibles, et dans le personnage de l'Encharneur, sorte de tyran local, qui apparaît en total décalage avec l'ensemble de cet univers âpre. Il est presque trop méchant pour être vrai, volant les bébés pour lutter contre la maladie nommée le Mal d'Orion et vivant dans le luxe d'un palace perdu dans la campagne... Quant au dessin, il est plutôt classique, les deux dessinateurs réussissant assez bien à rendre les émotions sur les visages des héros et les différentes ambiances. Pas de quoi crier au génie, mais ce qu'ils ont fait sert plutôt bien la série.

Au final, le retour de Neige n'est pas pleinement convaincant. Il y a des séries cultes qu'il n'est pas toujours bon de réveiller...