La Servante de Lucifer

Pour le vingt-cinquième album de la série Yoko Tsuno, Roger Leloup reprend plusieurs thèmes ayant jalonné ses œuvres passées pour en faire une sorte de synthèse. Arrivant à la fin d'une vie qui a été pleine de son héroïne, à laquelle il a consacré tout son temps, cet ouvrage est presque un résumé des idées et de la vision du monde de l'auteur.

Prisonnier de l'Immortalité

Lors de fouilles dans des ruines en Écosse, une amie de Yoko a fait une découverte étrange : une sorte d'automate enchaînée au fond d'une crypte. Depuis des siècles, enfermée là par des moines du Moyen-Âge, la "servante de Lucifer" dort. Yoko et sa nouvelle amie Émilia cherchent à découvrir ce qu'elle fait là.

Elle semble liée à un secret surgi du fond de l'histoire des Vinéens, ces extra-terrestres habitant sous la terre. Yoko et ses amis, tant Terriens que Vinéens, vont plonger à travers les Portes de l'Enfer jusque dans l'antre du Dragon où Lucifer, immortel, se trouve prisonnier. Ici, il est difficile de dire qui est un allié ou un ennemi, où commence la technologie et où finit la mythologie.

De surprises en découvertes, à dos de dragon ou aux commandes de scooters antigravitiques, les explorateurs devront comprendre, accepter et choisir, avec pour gain une nouvelle somme d'amitiés et de connaissances.

Du grand Leloup

Lorsque vient le moment d'ouvrir un nouvel album de Yoko Tsuno, il est impossible de savoir à l'avance ce qui va se dérouler. Les seules choses dont le lecteur peut être sûr, c'est qu'il va découvrir des lieux envoûtants et rencontrer des personnages hauts en couleur, autour d'un thème – historique, spatial ou technologique. C'est encore le cas pour ce tome.

Mais l'auteur a été plus loin peut-être que d'ordinaire. On peut relire à travers les pages de ce livre la plupart des thèmes qui ont émaillé le parcours de la gentille Japonaise. Il nous y parle de religion passée, avec ces moines du Moyen-Âge épouvantés par cet automate au corps féminin. Mais aussi des Vinéens et de leur longue et difficile histoire. Ainsi que de technologies époustouflantes et de miracles techniques. Le tout admirablement relié par une sombre machination venue du fond des âges.

En effet, tout le mal ici provient de l'immortalité, sa solitude et la manière dont elle fracture celui qui la possède, lui retirant toute empathie avec les autres. Finalement, comme souvent chez Leloup, les plus humains sont parfois les robots... même si eux aussi sont éternels.

Une suite ?

L'aventure se termine un peu abruptement, laissant penser qu'une suite est possible, voire prévue. Toutefois, l'aventure se déroule de bout en bout et possède une fin, avec une nouvelle collection d'amis et d'artefacts.