La Grande splendeur
Avec
Les Gardiens du Maser, Massimiliano Frezzato est un auteur de bandes dessinées italien qui est passé à la postérité. Après avoir terminé les six volumes de cette saga de science-fiction haute en couleur, il fut à l'origine du projet de préquelle. Le premier tome,
La Jeune reine, est ainsi paru en France en 2009, signé Frezzato, mais également Fabio Ruotolo, le premier ayant abandonné le dessin et laissé le second s'en charger, avec une réussite certaine.
La Grande splendeur fait suite à
La Jeune reine et décrit la révolte des Nains, qu'ils étaient décidés à mener à l'issue du premier tome. Le lecteur comprend donc, avec ce huitième épisode des
Gardiens du Maser, comment le temps de la grande splendeur s'est achevé et l'effondrement de la communauté des premiers habitants de Kolonie.
Une catastrophe, et on ne parle pas de ce qui arrive à Kolonie... Le premier tome,
qui avait plutôt laissé une bonne impression, laissait espérer que la préquelle des
Gardiens du Maser ne serait pas une prothèse quelconque à une saga qui avait eu un réel succès auprès du public. Toutefois,
La Grande splendeur est une de ces bandes dessinées dont les auteurs n'ont pas su maîtriser le récit, offrant au lecteur une aventure qui laisse une très mauvaise impression.
Ce nouvel album du duo Frezzato/Ruotolo est extrêmement rythmé, décrivant surtout la bataille entre les Nains et les Humains, les premiers tentant de s'emparer de la Tour et les seconds essayant de les raisonner, tout en anticipant la fuite à laquelle ils devront se résoudre. Usant d'une profusion de machines bio-technologiques propre à leur univers, plongeant les personnages dans une série de scènes mouvementées et les soumettant à une avalanche de défis, Frezzato et Ruotolo réussissent à maintenir tout au long de l'album une tension palpable. Malheureusement, ils y arrivent au moyen d'événements qui s'enchaînent sans qu'on comprenne toujours comment, et grâce à une mise en page et un découpage des planches qui nuit à la clarté de ce qui se passe. Le lecteur, en effet, aura les plus grandes difficultés, dans certaines successions de cases, voire même sur des pages entières, à se rendre compte de la réalité des péripéties des acteurs. Tout au plus comprendra-t-il qu'ils sont en danger, qu'ils tombent, qu'ils se battent, qu'ils essayent d'éviter de perdre un objet important,
et cætera, mais il ne doit pas chercher à comprendre dans le détail ce que les auteurs tentent de décrire pour prendre du plaisir intellectuel à sa lecture.
La Grande splendeur fait penser à ces bandes annonces pour films d'action, au cours desquelles les scènes s'enchaînent rapidement, pendant lesquelles ça explose, ça frappe, ça cogne, ça se poursuit à bord d'appareils hétéroclites, donnant une impression globale d'action, de divertissement intense, mais également d'absence de véritable scénario pour tenir le tout. En bref, qui ne donnent pas une envie folle d'aller y regarder de plus près. En lisant ce deuxième épisode de la genèse des
Gardiens du Maser, le lecteur n'a en effet pas particulièrement le désir d'explorer plus avant cette saga dont la qualité graphique est pourtant remarquable.
Dommage...