Voyageur - Omega

Voici enfin arrivée la conclusion de cette immense fresque conçue par Pierre Boisserie et Éric Stalner, dont le premier volet est paru en 2007. Treize volumes, dessinant une histoire à rebours, une lutte pour la survie au travers des époques-clés de notre humanité. Guarnido, qui a réalisé les couvertures des tomes précédents, s'est chargé de dessiner la fin de la longue aventure du Voyageur.
 
La boucle se referme
 
Il serait impossible de parler de l'histoire en elle-même sans dévoiler certains secrets, de priver le lecteur des effets que permettent les voyages temporels. Cependant, cette histoire trouve ici une conclusion digne du reste de l'aventure. Chaque élément trouve sa place et sa raison d'être, chacun se découvre réellement, parfois plus humain que l'on aurait pu le croire.
 
Si certains effets étaient prévisibles de longue date ou servent peu le fil de l'histoire, d'autres, plus surprenants, rendent logique toute la saga et créent une boucle temporelle inexorable, qui broie certains tout en libérant d'autres héros. Ainsi que le dit le Voyageur : "Je ne suis plus tributaire des événements passés".
 
Un beau final
 
Ce tome n'a de sens, bien sûr, que pour ceux qui ont lu tous ceux qui l'ont précédé. Il y a trop de références, de rappels et de clins d'œil pour qu'il puisse être lu indépendamment. C'est justement ce qui fait une partie de son charme : plonger le lecteur dans ses propres souvenirs, le poussant à reprendre le fil du temps, parfois à l'endroit, d'autres fois à l'envers en suivant le Voyageur. Quitte à devoir ouvrir de nouveau les tomes du début.
 
Le dessin est excellent, particulièrement travaillé pour coller à celui des autres dessinateurs lorsqu'il nous replonge dans une époque passée. L'accent mis sur les personnages, éclipsant voir effaçant parfois totalement le décor, nous plonge encore un peu plus dans l'aventure humaine de cette histoire complexe.
 
Une saga qui restera
 
Il y a de plus en plus de bandes dessinées qui sortent, passent et disparaissent du paysage éditorial dans une totale indifférence générale. Même de longues séries peuvent ne pas percer ou même être abandonnées par manque de lecteurs, par désintérêt. Voyageur ne semble pas promis à un tel avenir. Elle est une série de qualité, bien conçue, maîtrisée et réalisée avec soin, et pourra par la suite servir de référence aux aventures de ce type.
 
Du début à la fin, il s'y trouve un vrai travail d'orfèvre sur le scénario. Références, rappels, clins d'œil... Il est clair que l'aventure a été conçue de bout en bout en une seule fois, certains éléments (peintures, tableaux, photographies...) ne trouvant réellement leur place qu'après plusieurs volumes, voire tout à la fin de la série. Quant au dessin, il aura été de qualité, à la fois varié, chaque dessinateur apportant sa touche personnelle, sa vision de l'univers traité, mais aussi cohérent et porteur, au travers de l'Histoire, de cette belle histoire.
 
Une série à relire de bout en bout, maintenant que nous en avons l'intégralité.