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Collines noires

Dan Simmons ( Auteur), Odile Demange (Traducteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 17/10/13  -  Livre
ISBN : 9782221122658
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MarieMarquez   - le 31/10/2017

Collines noires

Dan Simmons est un écrivain américain qu'on ne présente plus : auteur des Cantos d'Hypérion, un cycle de space opera devenu culte, il ne s'est jamais cantonné à un genre et a écrit aussi bien de la science-fiction (le diptyque Ilium/Olympos), du fantastique (L'Échiquier du mal, Nuit d'été, Les Fils des ténèbres), du thriller (Flashback, la trilogie Joe Kurtz) ou encore des romans ayant une forte assise historique (Drood, Terreur). Collines noires est son dernier roman paru en français et appartient à cette veine. Légèrement mâtiné de fantastique, son éditeur le présente comme "son grand roman de l'Amérique".
 
Tout commence sur les bords de la Little Big Horn
 
Paha Sapa, "Collines noires", appartient à la tribu des Lakotas. Âgé d'une dizaine d'années, il assiste, de loin, à la bataille de Little Big Horn. Alors que les Américains sont repoussés par les Indiens, menés par Sitting Bull, le jeune garçon décide de "compter le coup" avec le Wasicun blond tombé au sommet de la colline. Mais à peine ses doigts ont-ils effleuré le corps qu'il sent l'esprit du mourant s'insinuer en lui. De ce jour jusqu'à celui où, devenu dynamiteur, il sera sur le point de faire sauter la tête du président Jefferson sur le mont Rushmore, le Lakota et le général Custer vont cohabiter, vivant ensemble les grands changements auxquels fait face l'Amérique.
 
Une fresque passionnante...
 
Si vous avez aimé Terreur ou Drood alors vous apprécierez forcément ce Collines noires, même si le destin tragique des Indiens n'est pas un sujet qui vous passionne à priori. Dès les premières lignes on est transporté sans effort en 1876 puis à différentes étapes clés de la vie de Paha Sapa : 1936 sur le mont Rushmore, 1893 durant l'Exposition universelle de Chicago... Dan Simmons prouve ici encore son grand talent de conteur : on passe d'une époque à une autre avec facilité, les révélations sont justement dosées et chaque fin de chapitre se termine sur un habile cliffhanger qui, loin d'attiser la frustration du lecteur, le pousse plutôt à tourner la page pour découvrir avidement la suite.
 
Sauter d'un événement à l'autre sans logique apparente peut être légèrement déstabilisant au début mais le récit coule de manière fluide et les parts d'ombre ne le restent jamais très longtemps. Finalement, cette narration hachée permet de rendre compte plus précisément de la vie incroyablement riche de Collines noires, de tout ce qu'il a vécu et vu, et apporte un dynamise bienvenu à ce qui se résume n'être au final "qu'une" biographie. Accompagné par une galerie de personnages secondaires complexes et attachants – en cela le lexique en fin de livre aide grandement à s'y retrouver parmi les Indiens tantôt présentés sous leur nom lakota, tantôt sous leur nom américain – on se laisse happer par le récit, qui n'échappe malheureusement pas à quelques longueurs, notamment au début quand Paha Sapa n'est encore qu'un jeune garçon. Les interludes avec le général Custer permettent également d'introduire un autre point de vue dans ce récit uniquement focalisé sur Collines noires. Le fantastique ne fait qu'effleurer le roman mais il lui apporte une densité supplémentaire.
 
Durant plus de 500 pages, Dan Simmons nous brosse ainsi un portrait saisissant de l'Amérique et des terribles épisodes qui ont jalonné sa construction. C'est une formidable leçon d'histoire – et de géographie, la nature tenant une place importante dans l'histoire de Collines noires – qui nous est contée, romancée certes, mais cela n'enlève en rien à la force du propos.
 
... mais gâchée par sa fin
 
Pourtant, c'est avec regret et amertume que l'on referme le roman. Si l'auteur s'était fait absent durant tout le récit, laissant la voix de Paha Sapa nous raconter son histoire, dans les dernières pages, Dan Simmons s'est senti obligé d'expliquer au lecteur les messages véhiculés par son texte, à grand renfort de déclarations moralisatrices et peu subtiles. Pourquoi ? Pourquoi ne pas laisser le lecteur tirer ses propres conclusions, forger ses théories, analyser le texte à la lumière de ses références ? On a la désagréable sensation d'avoir finalement assisté à rien de plus qu'un cours théorique, au contenu certes passionnant, mais sans avoir la liberté de se faire son propre avis.
 
Il serait néanmoins dommage de passer à côté d'un tel roman à cause de sa fin au goût plus que douteux. Il suffit après tout de la survoler, de ne pas s'attarder sur la leçon du professeur Simmons et de garder en mémoire la beauté et la cruauté de la vie de Paha Sapa.
 
Malgré ce défaut, Collines noires n'en reste pas moins un roman ambitieux, qui sait vous tenir en haleine du début jusqu'à la fin malgré un sujet de départ qui ne semble pas s'y prêter ,et qui vous hante longtemps après avoir refermé les dernières pages. En un mot comme en cent : passionnant.

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