L'Affaire Cabre d'or

Édouard Brasey est né le 25 mars 1954 à Marseille. Après une dizaine d'années comme journaliste à Lire et L’Expansion, il va se consacrer à l'écriture en commençant par des essais. Romancier, scénariste, il s'est spécialisé pendant un temps dans l'ésotérisme et les contes. La fantasy et les légendes sont autant de thèmes qu'il affectionne, La Petite Encyclopédie du Merveilleux lui permettra d'avoir le Prix Imaginales en 2006 et La Malédiction de l'anneau le Prix Merlin en 2009. L'un de ses derniers romans est Le Dernier Pape et la Prophétie de Pierre, un thriller ésotérique et historique. 

Intrigue sous le soleil

Jean Garrigue se repose dans son Sud natal après des soucis de santé qui le force à partir du 36 quai des Orfèvres pour un temps. Cette pré-retraite sous le soleil lui va très bien ; loin du stress parisien le commissaire coule des jours heureux avec Rosalie sa truie qui lui sert d'animal de compagnie. Mais le travail va le rattraper par le meurtre d'un clochard brûlé vif dans une DS d'un lavandiculteur.
Appelé à la rescousse par les gendarmes du coin, Jean Garrigue se retrouve sur les traces d'un tueur qui laisse derrière lui d'étranges indices comme la peau d'une chèvre recouverte de peinture dorée. Mais le plus dur va être surtout de supporter le lavandiculteur, l'antipathique Jourdan, en effet celui-ci rappelle des jours bien sombres à Garrigue. Et ce n'est pas l'arrivée d'un trio venu de Marseille pour élucider l'affaire qui va arranger l'ensemble.
Jean Garrigue va donc avoir fort à faire, aidé de sa truie « chien policier », pour résoudre une enquête jonchée de cadavres qui semble prendre son origine dans un passé lointain.

Entre policier et Pagnol

Ce polar est un petit bijou où l'on suit les pas de Garrigue, un flic de Paris, au son des cigales et parfumé de lavande. Ce petit côté Pagnol se retrouve tout le long du livre et donne une vraie ambiance méditerranéenne à l'ensemble. Le personnage principal a un côté truculent et assez fine gueule. J'ai d'ailleurs bien souvent salivé devant ses préparations culinaires ou ses vins sortis de sa cave. L'univers de ce flic venu de la capitale se reposer du stress des enquêtes sordides parisiennes est au départ bien relaxante et tranquille mais cela va vite prendre une autre tournure pour tomber dans une ambiance plus glauque sous les cadavres qui tombent comme des mouches.

Le tueur devient vite un monstre s'attaquant même à des enfants et tout semble tourner autour d'une famille de lavandiculteur. Bien vite on a envie d'en savoir plus sur celle-ci. Le père d’abord complètement antipathique, puis la mère limite autiste donne autant de questions pour le lecteur avide de secrets bien gardés. J'ai bien aimé aussi la rencontre entre Garrigue et  les policiers dépêchés de Marseille pour élucider les assassinats. Ce n'est pas la guerre des polices mais celui des égaux, surtout pour le jobard de Marseille, un vrai régal.

Édouard Brasey nous emporte donc dans son univers légèrement suranné, car nous ne sommes pas en 2015 mais bien plusieurs dizaines d'années avant, en 1962, avec un commissaire de Paris venu se reposer face à un tueur qui semble laisser un message à chaque meurtre pour mieux expliquer son geste. Des personnages hauts en couleur, Garrigue à lui tout seul est déjà pas mal avec sa truie comme chien policier, parachèvent ce roman qui se lit très vite.

En effet la plume d’Édouard Brasey est fluide et très claire, on avance vite dans l'intrigue. Ses descriptions sont autant de paysages où le soleil chauffe au-dessus de vos têtes et le bourdonnement des abeilles rythme votre avancée dans l'histoire. J'ai passé un agréable moment pour cette intrigue policière qui fleure bon la lavande et le Sud.