Guerre sans issue
Dans un futur proche, la Terre est engagée dans une guerre interstellaire contre les Reegs, conflit qui tourne à l’avantage de ces derniers malgré l’alliance avec une autre espèce proche physiquement de l’humanité, les Lilistariens. Gino Molinari, secrétaire général des Nations Unies, assume chaque décision auprès d’une opinion publique de plus en plus réticente. Eric Sweetscent, médecin en délicatesse avec sa femme Kathy, est appelé par l’homme d’affaires Virgil Ackerman pour travailler pour le compte de Molinari. Il ne tarde pas à se rendre compte que, face à la pression de la guerre, Molinari est déjà mort plusieurs fois, que ce sont des doubles qui prennent sa place. Pendant ce temps, Kathy prend une nouvelle drogue, le JJ 180, qui lui permet de glisser dans le temps. Elle ne se doute pas que la première dose rend accroc et que cette drogue a été conçue par les Lilistariens. Ceux-là mêmes qui rendent malade Molinari… Bientôt, Eric prend lui aussi de cette drogue et se met à voyager vers le futur.
Signification du roman
Donc, qu’est-ce qu’En attendant l’année dernière ? Une variation sur le thème du double (Molinari et ses doubles, humains et Lilistariens) ? Ou s’agit-il d’une réflexion sur fuite de la responsabilité sociale (comme le défendait Marcel Thaon dans le livre d’or qu’il consacra à Dick en 1979 chez Presses Pocket) ? Toujours est-il que ce roman distille une sourde angoisse face à une existence qui se dérobe : Molinari, Sweetscent et son épouse doivent constamment se battre pour garder pied dans une réalité qui échappe à leur contrôle. Ils rusent, biaisent. Et, en un sens, Dick n’a jamais sonné aussi « actuel » qu’aujourd’hui où, à l’heure du village global et d’Internet, personne ne maîtrise quoi que ce soit (même pas son envie de consommer…). Alors un conseil : servez-vous un bon whisky et savourez ce roman ! Sa lecture en vaut la peine.