Kirinyaga

Mike Resnik, né en 1942 à Chicago, s'est inspiré de l'Afrique, son histoire et ses coutumes, pour écrire son œuvre de science-fiction située dans l'espace et le futur.

 

 

Kenya, XXIIe siècle. Koriba, un des derniers Kikuyus, décide au soir de sa vie de faire renaître les traditions de son peuple. Il profite des planétoïdes terraformés de l'Administration pour y créer une utopie kikuyu. Les quelques nouvelles qui constituent ce livre décrivent l'installation de ce peuple et ses hésitations entre tradition et modernité.

 

 

Ce livre nous entraîne au cœur du mode de vie kikuyu, une culture africaine qui existait au Kenya avant l'arrivée des Occidentaux. Koriba, le personnage principal et narrateur – le roman est écrit à la première personne du singulier – estime que cette culture a quasiment disparu sous l'influence occidentale, et s'emploie à la faire revivre dans ses moindres détails sur un planétoïde aménagé dans ce but par la technologie du XXIIe siècle.

 

 

Tout sur Kirinyaga (le nom du planétoïde) est artificiel : le climat, la végétation, la terre, le relief, les animaux sont reproduits à l'identique des conditions de vie que connaissaient les Kenyans il y a plusieurs décennies de cela. Et tout peut être ajusté à volonté : au moyen d'un ordinateur, Koriba demande à l'Administration de faire tomber la pluie quand cela l'arrange.

 

Cependant les problèmes se posent presque immédiatement, en raison du gouffre existant entre certaines traditions et les réalités du monde moderne. C'est ainsi que la première nouvelle du recueil s'orne de la phrase "Jusqu'à ce que j'étrangle le bébé". Et la suite des nouvelles nous montre Koriba chercher à convaincre son entourage et l'Administration que suivre les coutumes kikuyus relève du Bien collectif pour ce peuple, même lorsque des enfants en meurent.

 

 

Les péripéties racontées dans cet ouvrage choquent souvent notre sensibilité moderne, et l'identification avec le personnage principal est un peu malmenée. On se demande aussi ce que l'auteur pense des propos qu'il tient...

 

La deuxième série de nouvelles de ce livre, intitulée Kilimandjaro, est une suite de la première avec le même type de départ – construire une utopie masaïe sur un planétoïde – mais une perspective différente : se servir des leçons du passé, aussi bien terriennes que planétoïdales, et accepter la modernité pour évoluer. Autant Koriba refusait tout changement pour continuer à exister, autant les Masaïs prennent le parti inverse pour prolonger leur existence. On assiste donc à de profondes modifications culturelles, malheureusement parfois un peu trop simplistes pour être crédibles...

Ces nouvelles constituent un bon point de départ pour une réflexion sur l'identité d'un peuple et d'un individu, la raison d'être des coutumes, l'évolution et les progrès techniques.

 

Kirinyaga est une œuvre au style simple, baignée de soleil et de nostalgie, qui nous donne l'impression de nous plonger dans l'Afrique des origines alors que presque tout le roman se situe dans l'espace du futur. C'est à une sorte de "choc des cultures" que l'auteur nous invite.