Nexus

Ramez Naam est un ingénieur informaticien renommé, qui a notamment collaboré au développement d’Outlook et d’Internet Explorer. Nexus est son premier roman de science-fiction, paru initialement en 2014 aux Presses de la Cité. Ce roman a été récompensé du prestigieux Prometheus Award et du prix Bob Morane. Cette réédition en poche est l’occasion idéale de découvrir cet excellent roman, et pourquoi pas d’enchaîner sur sa suite, Crux !

Une drogue pleine de possibilités

Un groupe de chercheurs a mis au point une drogue capable de relier les cerveaux. Mais leurs travaux ne plaisent guère à l’ERD, l’agence américaine contre les risques émergents, qui y voit un danger pour l’avenir même de l’humanité. L’un des chercheurs, Kade, est contraint de collaborer avec le gouvernement et envoyé espionner une savante reconnue, Su-Yong Chu. Ce n’est que le début d’une suite d’événements qui pourraient bien conduire vers la post-humanité…

L’humanité est-elle prête au changement ?

L'univers décrit par Ramez Naam est très proche du nôtre, tant dans la structure que dans la façon de fonctionner. Le dépaysement qu'on attribue volontiers à notre genre favori n'est donc pas à chercher de ce côté-là pour cette fois, mais plutôt dans les perspectives offertes par le Nexus. L'auteur se base pour ce faire sur les plus récents progrès scientifiques, et les expose de manière parfaitement claire, sans jamais se montrer trop didactique. Il s'intéresse davantage aux applications pratiques de sa découverte et aux conséquences sur l'homme et son identité, sans s'attarder plus que nécessaire sur les aspects théoriques.

Dans Nexus, l'auteur s’attache à décrire les effets à la fois positifs et pervers d’une invention à travers une galerie de personnages bien campés, aux passés et aux personnalités fouillés. L'histoire est menée sur un rythme effréné à la manière d’un thriller, avec sa succession de complots et de manipulations diverses. Le récit est parfaitement maîtrisé et l’ouvrage se dévore d’une traite : il est très accessible mais propose également une analyse très juste du fonctionnement de nos sociétés.

Il montre bien les résistances à l’œuvre face à la nouveauté, et la peur des puissants de perdre le contrôle des populations ; beaucoup de passages prennent une saveur particulière à la lumière des événements du 11 septembre 2001 et la promulgation du Patriot Act, et plus proche de nous en France avec la prolongation de l’état d’urgence. L’auteur nous offre avec ce roman un miroir crédible des peurs et angoisses qui secouent la société actuelle, ainsi qu'une réflexion pertinente sur le devenir de l’homme et de son rapport à la technologie et au changement.