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Le Pacte des suicidés

Thomas Bauduret (Traducteur), John Everson ( Auteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/16  -  Livre
ISBN : 9781612275222
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AnneSophie   - le 31/10/2017

Le Pacte des suicidés

John Everson est un auteur américain de littérature fantastique. Sur ses huit romans et ses nombreuses nouvelles, bien peu ont été traduites en France. Covenant, le premier tome des aventures du journaliste Joe Kieran, initialement paru chez un micro-éditeur, a eu sa petite notoriété en étant couronné en 2004 par le prix Bram Stoker du premier roman. Grâce à Rivière Blanche, le lectorat français a aujourd'hui l'occasion de le découvrir sous le titre Le Pacte des suicidés.
 

Une sombre enquête

Fraîchement débarqué de Chicago, le journaliste Joe Kieran s'installe à Terrel, charmante petite bourgade américaine. Un beau matin, un fait divers capte son attention : un adolescent vient de se suicider du haut de la falaise du village. Alors qu'il décide de faire un article sur l'affaire, son supérieur fait tout pour l'en dissuader. Intrigué, il va découvrir que les habitants de Terrel ne sont pas aussi charmants que prévu et qu'une sombre malédiction plane depuis plus d'un siècle sur le village...

Tous les ingrédients sont là pour une bonne petite histoire d'épouvante ! Surtout que le récit s'ouvre directement sur le suicide de l'ado et que quelques pages plus tard, on a droit à une bonne dose de détails craspek lorsque les policiers viennent emporter la dépouille... Un peu plus tard, le fantastique rejoint la partie lorsqu'une mystérieuse voix se fait entendre... Chouette, un démon ! Le lecteur peut ainsi s'installer à son aise et suivre l'obstiné Joe qui a flairé le gros dossier derrière cette série de morts violentes. Car, oui, se jeter de Terrel Peak lorsqu'on est ado semble être un passage obligé... Mais il y a aussi des meurtres, et les recherches du héros lui permettent d'apprendre qu'elles surviennent à des moments bien précis de l'année (autour d'Halloween, bien entendu).

Pour mener à bien son enquête, Joe fraye – de très près – avec les autochtones. Angelica, une voyante, lui révèle rapidement que « quelque chose » à Terrel vient réclamer son dû. Lorsqu'il interroge la petite amie du défunt, Cindy, elle lui sert le même refrain : un démon règne sur le village depuis sa création. Joe, malgré tous ces témoignages, ne croit pas à cette histoire de pacte de sang et remet toujours tout en cause. Le lecteur qui sait depuis le début ce qu'il se passe réellement ne comprend pas vraiment pourquoi il reste aussi buté. Mais ce n'est pas grave, on suit son enquête avec plaisir... et ses égarements également. Notre journaliste est un tombeur et profite souvent de certains questionnements pour... ben s'amuser, tiens. Et nous aussi, on prend du bon temps. Le récit ne se prend pas au sérieux, il y a du fantastique, de l'horreur, des scènes de bisou-bisou et même de l'humour – notamment lorsque Joe prend le groupe de spéléologues « Les rats de la falaise » pour un rassemblement ésotérique !

Tout devient un peu plus sombre et sale quand la mystérieuse « voix » décide de passer à la vitesse supérieure. Le démon force la voyante du village à errer, nue comme un ver sur la route et à coucher avec un mécanicien absolument dégueulasse. À ce stade de l'histoire, on se dit que tout va se précipiter et que la suite va être riche en péripéties.

C'est exactement l'inverse qui se produit.

Une spirale de sexe crado

On ressent vraiment une scission dans le récit : alors que tout est en place – les personnages, le monstre, les relations des uns et des autres –, on sent une certaine hésitation dans la dernière partie, comme si l'auteur ne savait pas quelle direction prendre... Quelques révélations sont balancées de-ci de-là, on suit un personnage, puis un autre, bref, ça n'avance plus clairement. Mais il y a beaucoup plus agaçant : qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de l'auteur pour qu'il préfère décrire les courses de son héros au lieu de faire avancer l'intrigue ? Je n'exagère rien, on sait exactement combien d'articles Joe a dans son panier lorsqu'il passe en caisse, et on a même un petit laïus sur ces gens qui n'ont même pas honte de lire des journaux à scandale... J'espère vraiment que cette critique est une forme d'humour – bien – déguisée.

Après l'épisode « emplettes », Joe choisit de batifoler au lieu d'aller libérer une habitante qui vient de se faire kidnapper... Le récit quitte le présent pour nous offrir un flash-back : une jolie partouze provoquée par le démon, bien riche et détaillée. Jusqu'à la fin du récit, il n'y aura plus que du sexe crado, du sexe crado, et encore du sexe crado.

Sur le principe, personne ne serait contre. On est là pour avoir de l'horreur, de l'extrême, des sensations ! Sauf que là où John Everson est impardonnable c'est qu'il parvient à rendre cette orgie de sang et de sexe extrêmement ennuyeuse. À un moment, il reprend exactement la même scène, avec les mêmes mots sauf qu'elle est vue à travers les yeux d'un personnage possédé ! Il n'y a pas de montée en puissance dans l'horreur. Tout cela ressemble plus à une accumulation de scènes de viols dégueu avec quelques hectolitres de sang pour arroser tout ça. Quel dommage. Et s'il n'y avait pas déjà tout ça, on pourrait sourire de la révélation finale, énormissime... Non, trop c'est trop.

Pour ceux qui veulent connaître la suite des aventures de Joe Kieran, l'auteur a déjà écrit trois autres tomes, qu'il vous faudra cependant lire en anglais.

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