Le Prince-Marchand
Une histoire d’amour entre un auteur (décédé, snif) et son éditeur (français)
Poul Anderson, écrivain majeur de la science-fiction américaine, connaît aujourd’hui en France, grâce à l’acharnement du Bélial, une véritable résurrection littéraire. En partie parce qu’il était partisan de l’intervention américaine au Vietnam, Anderson fut mis au pilori par la critique française dans les années 60 et 70. Le Bélial, éditeur obstiné, a entrepris de réparer cette erreur depuis une quinzaine d’années en (re)publiant ses ouvrages majeurs. Après
Le Chant du barde, un recueil de nouvelles éblouissant,
Tau zéro, un roman de hard science enthousiasmant,
L’Épée brisée, roman de fantasy tragique et enfin la réédition de
La Patrouille du temps, voici
Le Prince-Marchand : il s’agit du premier volume d’un cycle de cinq volumes, intitulée
La Hanse galactique, consacrés aux pérégrinations de Nicholas van Rijn, personnage truculent, on va bientôt le voir…
Le commerçant interstellaire
Après avoir obtenu la neutralisation de la menace borthudienne (la nouvelle "Marge bénéficiaire"), Nicholas van Rijn, membre éminent de la ligue polesotechnique, se retrouve coincé suite à un naufrage sur un océan d’une planète encore arriérée en compagnie d’un de ses employés, Eric Wace, et d’une aristocrate, Dame Sandra. Ils sont secourus par des indigènes ailés, les Diomédiens, avec qui la ligue commerce un peu. Mais ceux-ci sont divisés par une guerre sauvage entre le Drakh’ et la grande volée du Lannach. Ceux-ci ne veulent laisser partir les humains dont les provisions sont limitées dans un environnement hostile à l’homme. Van Rijn va donc tenter (et réussir, attention spoiler) dans un premier temps de se trouver des alliés puis de trouver une solution à ce conflit afin de sauver sa peau et… de faire des profits !
Un ouvrage réjouissant
Le Prince-Marchand est constitué d’une nouvelle et d’un roman (Un homme qui compte) qui relèvent clairement du space opera. La description que donne Anderson des Diomédiens est assez fascinante (et ses explications dans la postface sont pleines d’intérêt). Au cœur de cet ouvrage, il y a le personnage de Nicholas van Rijn. Haut en couleur, doté par l’auteur de réparties très savoureuses (Allez lâchons-nous : Anderson fut-il le Michel Audiard du space opera ?), van Rijn séduit le lecteur (même celui qui, dans sa jeunesse, préférait la new wave). Le Prince-Marchand, dont il convient aussi de saluer la traduction (révisée par Jean-Daniel Brèque), est donc une réussite qu’il convient de saluer chapeau bas.