La Mort aux yeux de cristal

La Mort aux yeux de cristal

Lancelot Hamelin est né en 1972. Il est dramaturge, romancier, comédien et metteur en scène. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre dont certaines ont fait l'objet de divers travaux à Théâtre Ouvert ou pour France Culture. Il a publié deux romans chez Gallimard Le Couvre-feu d'octobre (2012) et À la crète des vagues (2016). Sa première collaboration en bande dessinée est Dans les eaux glacées du calcul égoïste (Glénat 2018) dessinée par Luca Erbetta.

Étienne Oburie est graphiste, illustrateur et scénariste de bandes dessinées. Diplômé des Beaux-Arts d'Épinal puis d'Angoulême. Il travaille actuellement à l'atelier du Marquis à Angoulême. Après avoir participé à plusieurs albums collectifs dont Les Années noires (Le Troisième homme), La Mort aux Yeux de Cristal est son premier album de bande dessinée.

Une histoire fantastique dans la tradition du "Giallo"

Rome, Radka Sukova, une célèbre égérie de mode est la cible d'un étrange meurtrier qui a assassiné et énucléée son sosie, ses yeux étant remplacés par deux morceaux de cristal taillé. L'enquête est alors confiée au commissaire Cornélia, une femme de poigne qui partira sur les traces d'une étrange communauté et de phénomènes fantastiques.

Une enquête qui laisse sur un goût d'inachevé

Il est rare que je doive m'y remettre à plusieurs fois avant de m'imprégner d'une bande dessinée et de son univers graphique. J'avais été grandement attirée par sa couverture qui laissait songer à une intrigue très énigmatique et à un graphisme alléchant. La couverture est, comme on peut se rendre compte un peu trop souvent dans l'édition, pas vraiment dans le goût de son contenu.

De base l'intrigue peut laissait songer à quelque chose d'assez banal, un meurtre à élucider, une femme prise pour cible qu'on doit protéger. Jusque là ça colle. Pour le reste, j'ai trouvé que l'histoire et les personnages partaient un peu trop dans tous les sens, néligeant de base l'enquête à proprement parler, et notre personnage principal, Radka, la mannequin. Elle se retrouve malgré elle, et dans toute l'ironie du sort, vu comme un personnage plutôt effacé, mi-victime d'un entourage toxique, ayant peu de charisme et de caractère, le cliché de ce qu'on attend d'une mannequin. Oui, elle a de beaux yeux, oui c'est tout ce qu'on lui demande, mais en dehors de ça, et bien elle sonne bien creux notre pauvre Radka.

La vraie héroïne de l'histoire ce n'est donc pas Radka (comme laisse supposer l'intrigue) mais plutôt la commissaire. Un cliché un peu lourdingue de la flic qui met son nez partout, elle fume, elle a une allure assez massive, homosexuelle et au franc parler sans pareille. On a vu clairement plus subtil.

Quant à l'intrigue, en elle-même, et à la manière dont elle est menée, j'ai clairement eu du mal à me situer, que ce soit dans la mise en lumière de tous les protagonistes et leur implication. Au final, on rencontre beaucoup de personnages énigmatiques qui titillent notre curiosité pour ne pas en savoir tellement plus. Les motivations de chacun sont assez sommaires, et tout ce qui ne s'explique et ne se comprend pas est justifié par une sauce "fantastique" qui trouve sa place dans notre chronique.

La volonté des auteurs est probablement clairement passée à côté d'un public comme moi, et pour cause, je ne connais pas le "Giallo", et si je n'ai pas de telles références, tout ceci peut sembler un peu plat et beaucoup trop énigmatique car je n'ai pas les références qui doivent fourmiller dans cet album. Dommage.