Un auteur à succès
Depuis son premier roman, Le roi des rats, China Miéville a pratiqué tous les genres : science-fiction, fantasy, roman noir, horreur. Il a rencontré un certain succès et obtenu de nombreux prix : le prix Arthur C. Clarke en 2001 pour Perdido Street Station, le prix Locus du meilleur roman fantasy en 2011 pour Kraken (Fleuve noir, 2013) et le Locus du meilleur roman de science-fiction en 2012 pour Légationville (Fleuve noir, 2015), etc. il a aussi publié des romans jeunesse comme Lombres (Au diable vauvert, 2009) ou Merfer (Fleuve, 2016). Il revient ici avec Les derniers jours du Nouveau-Paris, une novella de 200 pages publiée chez le Diable vauvert et qui se veut un hommage au surréalisme.
Surréalisme et démons
En 1941, dans une Marseille encore préservée de la guerre par l’armistice, l’Américain Jack Parsons, disciple de l’Ordo Templi Orientalis, rencontre un groupe antinazi comptant parmi ses membres André Breton. Parsons est un occultiste, plus ou moins lié aux services secrets américains, et se nourrit des idées de Breton et de ses amis pour créer un Golem afin de faire chuter le IIIe Reich. Malheureusement, on lui vole sa « bombe », baptisée S, qui explose en plein Paris à la brasserie des deux Magots. 1951 : Paris est devenu une ville étrange où des nazis et des résistants se combattent tout en tâchant d’échapper aux "manifs", créatures nées de l’imagination et de la bombe S. Dernier survivant d’un groupe résistant surréaliste, Thibault rencontre une jeune photographe, Sam, et s’allie à un être magique, le cadavre exquis. Leur but sera simple : empêcher les nazis de tirer profit de l’atmosphère de Paris pour créer leur propre démon. Car l’enfer scrute ce qui se passe dans l’ancienne ville lumière.
Déroutant
Roman décoiffant, Les derniers jours du Nouveau-Paris se dérobe à une lecture simple et conventionnelle. Voici un livre qui enflamme l’imagination, plein des thèmes surréalistes. On y croisera des créatures sorties des rêves de Picabia, Breton, une sculpture d’Arno Breker qui a pris vie tout en étant coupé en deux… On peut y voir aussi une nouvelle confirmation du talent de Miéville à s’approprier des genres, des images, des références et à tirer de ce grand potlatch une œuvre originale. Pour autant, certains n’apprécieront pas ce grand déluge référentiel. Ils y verront une preuve de plus du manque de talent des artistes actuels à inventer des choses « nouvelles ». Miéville, soyons-en sûrs, ne peut laisser personne indifférent ! Il en sera même ravi.
En tout cas, un texte excitant et innovant.