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Destination fin du monde

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 09/06/20  -  Livre
ISBN : 9782369352426
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“La fin du monde ? Un sacré spectacle, les enfants !”

Dans un avenir proche, des jeunes couples friands de divertissements en tous genres sont réunis à l’occasion d’une soirée. Au centre des discussions, une distraction inédite tout juste expérimentée par la plupart d’entre eux : les agences de voyages temporels proposent désormais une nouvelle destination. En trois heures de temps, il est possible d’aller assister, à bord d’un vaisseau, à la fin du monde. Mais, les récits des voyageur·ses ne concordent pas. Tandis que les invité·es décrivent et comparent, à l’aune de leur caractère spectaculaire, les paysages mortifères contemplés, de l’extérieur arrivent des nouvelles alarmantes (catastrophes naturelles, épidémies…) mais qu’ils semblent totalement ignorer.

À l’heure où la notion d’effondrement fait florès tant dans l’industrie culturelle que dans les grands médias, Robert Silverberg nous enjoint à nous arracher de notre position indolente de spectacteur·ices d’un effondrement qui ne relève plus de la fiction. Un cri d’alerte !

SylvainB   - le 10/07/2020

Robert Silverberg - Destination fin du monde

Un des derniers géants

Né en 1935, Robert Silverberg est un des derniers auteurs à avoir débuté sa carrière pendant l’âge d’or de la science-fiction. On peut même dire qu’il y a fait ses classes en publiant romans et nouvelles par dizaine jusqu’au milieu des années 60, sans grande originalité reconnaissons-le. Puis il est devenu plus ambitieux à partir de L’homme dans le labyrinthe et surtout Les Ailes de la nuit, qui remporte le prix Hugo en 1968. Les personnages de Silverberg vont de plus explorer leur propre espace intérieur, ce qui donnera au Fils de l’homme et au Livre des crânes une tonalité mystique. Si Silberberg est ensuite revenu à des récits en apparence plus classique avec le cycle de Majipoor, il n’a cependant jamais renié ce qu’il était. Destination fin du monde, récit paru en 1972 appartient à cette veine.

Amusons-nous, oublions-nous

Avec cette nouvelle, on découvre des américains pour qui le dernier truc à la mode, le dernier cri du chic, pour fuir l'ennui est de découvrir la fin du monde. Une société organise effectivement des séjours temporels dans le futur où les touristes découvrent le dernier jour de la vie sur Terre. Mais voilà, Nick et Jane, Mike et Rubyn n’ont pas fait le même voyage. Chaque couple a vu une fin du monde différente. Et pendant ce temps, le lac Michigan est envahi par des microbes dangereuses pour l’homme, des émeutes secouent le pays, le président est assassiné… Et si la fin du monde, ce n’était pas justement maintenant, sous leurs yeux ? Ils regardent ailleurs.

Une résonnance particulière

A un moment où l’humanité doit faire face à la pandémie du COVID, Destination fin du monde marque le lecteur. On pense aux touristes occidentaux et à leurs vacances, malgré l’épidémie. L’ambiance « fin du monde » (ou fin d’un monde) bien raconté par Silverberg, était directement en phase avec une époque marquée par la guerre du Vietnam et les émeutes dans les ghettos américains. Aujourd’hui, les violences policières provoquent le mouvement "Black Lives Matters" et la guerre froide avec la Chine sévit. Cette nouvelle est le résumé d’une époque et aussi la prescience d’un état d’esprit, celui du monde actuel. A découvrir.


Sylvain Bonnet

 

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