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Lisière du Pacifique

Kim Stanley Robinson (Auteur), Stéphan Lambadaris (Traducteur), Daylon (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 14/05/21  -  Livre
ISBN : 9782361837310
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Salome   - le 06/01/2022

Kim Stanley Robinson - Lisière du Pacifique

Kim Stanley Robinson est un auteur américain de SF qu'on ne présente plus. Principalement connu pour sa trilogie martienne : Mars la Rouge (1994), Mars la Verte (1995) et Mars la Bleue (1996). Son œuvre, moult de fois récompensée par de nombreux prix dont le prix Nebula du meilleur roman pour 2312 que j'avais eu l'occasion de parcourir. L'occasion de revenir ici sur un ouvrage plus ancien chez les Moutons électriques lors de l'opération Besoin d'utopie !

Une fresque écologique intimiste

Bienvenue à El Modena, petite ville en Californie qui fait figure d'utopie sociale et écologique dans un futur proche. Nous faisons la connaissance de Kevin Clairborne, un jeune architecte passionné et enthousiaste dans son métier, dont la vie de la communauté est sa priorité. Alors qu'il rejoint le conseil municipal de la ville, il prend alors peu à peu conscience des tentatives d'exploitation et de corruption de grandes entreprises perdurent encore aujourd'hui, alors s'engage une lutte acharnée pour préserver à tout prix Rattlesnake Hill.

Peut-être trop intimiste ?

Je me suis embarquée dans Lisière du Pacifique avec des étoiles plein les yeux, aspirant à une grande évasion dans un roman dépaysant et j'en suis ressortie pour le moins circonspecte. Le cadre de l'intrigue a toutefois tout pour plaire, la Californie, des paysages à couper le souffle, on imagine sans peine ce qu'il y a sous nos yeux. Kim Stanley Robinson prend un grand plaisir à nous découvrir cette société utopique pas si futuriste que ça, où un modèle de société communautaire a réussi à bâtir des fondations solides. On est immergés dans le quotidien de ces protagonistes, de leur passions et relations. C'est rafraichissant et très agréable à lire au premier abord, mais il y a un mais. Kim Stanley Robinson ne se serait-il pas un peu perdu dans son intrigue ?

Je m'attendais à une action plutôt centrée sur la thématique du polar écologique et j'ai été pour le moins submergée de descriptions de vie quotidienne qui avait pour effet de faire perdre le fil de ses priorités. Il y a d'abord et surtout ses descriptions passionnés des matchs de softball de la communauté. Cela ajoute certes, un petit cachet pour celui s'y intéresse, mais pour ma part, j'ai fini par trouver ça redondant et j'ai clairement saturé à cette énième évocation. J'en ai alors oublié qu'il s'agissait d'un roman de SF et c'est clairement regrettable de sa part de s'être allé à autant de passion pour un élément qui selon moi, ne méritait pas qu'on s'y attarde aussi souvent et longtemps dans le cadre de l'intrigue. De plus, le personnage de Kevin Clairborne a également un penchant pour un personnage de la petite ville, Ramona. Ramona est belle, séduisante et laissera Kevin en proie à une violente confusion. Cette passion fugace avait peut-être une raison, de nous faire attacher aux protagonistes par exemple, de les rendre plus humains, mais l'importance qu'elle a prise sur cette intrigue vire littéralement à la nausée pour la lectrice que je suis. Pourquoi a-t-elle pris autant de place ? Pourquoi s'épancher sur le sujet ? Le déroulement et la suite de cette amourette est vite vu comme prévisible, et a selon moi terni le vrai sujet et notre polar écologique. Et ça, c'est vraiment, encore une fois, dommage.

Il y a pourtant des points intéressants, des protagonistes vraiment attachants qui selon moi sont sous présentés au profit d'une romance qui apporte peu d'intérêt à l'intrigue. L'auteur se disperse, voulant parler de tout, faire un vrai panorama d'une communauté pour en oublier son sujet principal. Cette lutte contre la corruption des grandes entreprises. Il y a des évocations très bien pensés et qui vont nous toucher de plein fouet rapidement comme notre rapport à l'eau par exemple où les intérêts financiers priment sur les réels besoins. Il décrit alors une société fichtrement un poil futuriste mais pas trop, car ces thématiques là, même si elles nous concernent pas encore tout de suite, relèveront plus tard de véritables enjeux financiers de taille, et cela fait froid dans le dos.

Bref, de bonnes idées pour beaucoup de dispersions. J'en déduis que je n'étais probablement pas la cible de romances ni de match de softball. Et si au final il n'était peut-être pas trop ancré dans la culture américaine pour moi ? Car mon incompréhension est totale tant il y avait de bonnes choses pour me plaire. Je reste donc un peu sur ma faim même s'il a de très bons côtés.

Soyons donc optimistes et tâchons de cultiver l'utopie, et en ces temps troublés, on en a bien besoin !

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