Christophe Siébert est né en 1974 à Millau. Ecrivain, poète et performeur, il commence à se faire connaître au début des années 2000, notamment grâce à de nombreuses publications dans des revues alternatives. Son premier roman, J'ai peur (2007) paru chez La Musardine marque son entrée dans la scène littéraire. Avec Métaphysique de la viande (Au Diable Vauvert) un ouvrage comprenant deux courts romans Nuit noire et Paranoïa il reçoit le prix Sade 2019. Un titre qui laisse des lecteurs tantôt admiratifs, tantôt dégoutés, nous indiquera alors, à l'image du recueil de nouvelles Papi jute dans la sauce aux câpres (La Belle époque 2015), qu'il ne s'agit pas d'un auteur dont on peut laisser les livres entre toutes les mains. Après Images de la fin du monde (Au diable Vauvert), premier tome des Chroniques de Mertvecgorod, voici à présent Feminicid qui nous plonge encore plus profondément dans une bien sordide littérature de l'Imaginaire.
Fini les présentations, place à l'action !
Après un premier tome nous immergeant dans l'univers de Mertvecgorod sous la forme de nouvelles introduisant le lecteur à l'univers complexe du cycle. Feminicid quant à lui, place le récit du point de vue de Timur Maximovitch Domachev, ou du moins, de ce qu'il reste de lui, puisqu'on l'a retrouvé mort d'une balle dans la tête le 20 février 2028 alors qu'il enquêtait sur les féminicides en série qui sévissent à Mertvecgorod depuis plusieurs décennies sans que les autorités ne s'en inquiètent plus que ça.
Un récit peut-être plus âpre mais toujours aussi addictif
Puisque vous êtes ici, c'est que vous avez déjà réussi à digérer Images de la fin du monde. Ici c'est tout comme, mais en différent. Christophe Siébert choisit d'élaborer un récit structuré d'une manière plus originale, en imaginant l'édition d'un manuscrit journalistique. Ainsi, si vous aviez le sentiment de lire une fiction un peu trop réaliste au premier tome, vous n'aurez ainsi pas fini d'être surpris avec celui-ci.
L'auteur ici s'adonne encore de plus belle à l'expérimentation, permettant au lecteur déjà initié au premier tome de s'immerger encore davantage et de faire le lien avec les personnages précédemment présentés. Si on savait déjà que Mertvecgorod était pourri jusqu'à la moelle et que les oligarques régnaient en maitre sur fond de corruption et d'affaires sordides, on trouve ici une tonalité encore plus étrange. Tissant les liens à l'aide de coupures de presses fictives, de pages wikipedia ou encore de manuscrit de roman imbriqués. On distingue encore davantage le côté engagé de l'auteur qu'on devinait au premier tome. Faisant encore toujours le lien entre réalité et fiction. On est immergés dans un univers futuriste bercé dans le cyberpunk et l'ésotérisme version 2.0. intriguant encore davantage le lecteur vers des versants insoupçonnés.
Si on le savait plongé à corps perdu dans son œuvre, Christophe Siébert nous prouve ici qu'on a qu'à peine entraperçu l'univers de Mertvecgorod et qu'il en a encore beaucoup dans le tiroir pour satisfaire dans la curiosité de ses lecteurs. Et tout cela, ma foi, n'est pas pour me déplaire.