Zanzim, de son vrai nom Frédéric Leutelier est un auteur de bande dessinée né en 1972 à Laval. Titulaire d'un diplôme national supérieur d'expression plastique en 1996 à Rennes puis d'un diplôme national d'arts plastiques de communication des Beaux-Arts à Angers, il effectue sa première collaboration avec un scénario d'Hubert pour le diptyque Les Yeux verts (Carabas 2002). Une collaboration qui en suivra beaucoup d'autres dont le fameux Peau d'Homme (Glénat 2020) grand succès éditorial qui a remporté entre autres le Grand prix de la critique 2021 et qui figure dans la sélection du Fauve d'or 2021 du festival d'Angoulême. A l'issue de ce succès éditorial, de nombreuses collaborations d'Hubert et Zanzim ont ainsi été rééditées, dont L'île aux Femmes, BD scénarisée et illustrée par Zanzim mais qui bénéficie également de la colorisation d'Hubert.
Féminisme et sensualité
Céleste Bompard est un homme à femmes, grand pilote de haute voltige, il doit sa renommée à ses prouesses à de grands événements. Mais lorsque la Première Guerre mondiale éclate, ses talents sont utilisés à un autre dessein, au service de l'armée pour effectuer les livraisons de courriers des soldats stationnés sur le front. Lors d'une de ses missions, le biplan de Céleste s'écrase en mer, il arrive tout juste à s'en sortir et trouve alors refuge sur une île déserte. Mais alors qu'il entame une vie d'ermite dans l'attente de secours qui peinent à arriver, il découvre par hasard qu'il n'est pas totalement seul…
Humour et légèreté
Le ton est donné, L'île aux femmes aborde une intrigue plus légère, avec beaucoup plus d'humour aussi dans un effet rétro des plus sympathiques. Le trait de Zanzim est facilement reconnaissable et on prend beaucoup de plaisir à découvrir ce titre plus ancien. En repensant à Hubert qui nous a quitté trop tôt, certes uniquement à la coloration, mais cela apporte clairement une plus-value graphique à l'ouvrage.
L'album est certes plus "léger" et la trame peut sembler un poil éclusée, mais c'est ici beaucoup et surtout le sens de la formule côté scénario qui ajoute un vrai cachet à l'intrigue. Céleste est détestable, son attitude envers la gent féminine est méprisante. On le déteste, et puis on a un peu pitié de lui, et c'est ce genre d'ambivalence que j'aime dans la construction des personnages. Et pour le coup, Zanzim a mis dans le mille. J'ai bien ri. J'y ai vu également beaucoup de sensualité dans ces figures féminines envoûtantes qui peuplent l'île. Tout comme pour le protagoniste, cela suscite autant d'admiration et d'envie. Et si l'enfer, le vrai, c'était de se retrouver sur une île déserte avec moult femmes attrayantes et désirables qu'on ne peut pas toucher ?
Bref, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et j'espère que vous aussi vous vous laisserez tenter.