Les mouvements sociaux prennent de l’ampleur dans la Franconie autoritaire. L’insurrection s’enflamme. Enfin. Le grand soir.
La révolte est écrasée.
Nous sommes au temps de la dispersion.
Dans la chronologie donnée en fin d’ouvrage, tout commence par le Deuxième Compromis social, l’alliance de la gauche et de la droite face à la menace de l’extrême-droite au premier tour des présidentielles. Celle-ci n’aura pas besoin d’être élue. Les Compromis se chargent de son programme : rupture des traités bilatéraux, déchéances de nationalité, lois d’assimilation, état d’urgence permanent, abolition des minima sociaux, services publics dématérialisés forçant une surveillance généralisée…
Pas besoin de monstres tentaculaires ni d’IA maléfique : reconnaître le quotidien dans un livre de science-fiction est bien plus glaçant.
Pourtant Subtil béton n’est pas une histoire triste. Subtil béton est bien des choses.
C’est un roman de fantasy, avec sa carte du monde et sa faune fantastique.
C’est un manifeste politique, qui montre l’organisation de la résistance au quotidien.
C’est une dystopie déprimante de réalisme.
C’est un roman d’apprentissage, des lycéens aux retraités.
C’est une suite de nouvelles naturalistes et psychologiques.
C’est une fresque polyphonique et une aventure collective.
C’est la performance d’ateliers d’écriture échelonnés sur plusieurs années.
Au fil des différentes parties, illustrées par leraf comme des fables fantasmagoriques – montée des eaux, au creux des vagues, ressac, appareillage, équipages -, Subtil béton nous transporte dans son univers d’espoir, de rage, d’amours et d’erreurs.
Le système politique de la Franconie et les débats des personnages sont poussés, ainsi que le réalisme de leurs vies, parfois à la limite du surplus – mais il reste toujours les enfants pour se débarrasser de la paperasse.
Tout n’est pas toujours palpitant, les gens ne sont pas toujours de bonne humeur et ne font pas forcément les bons choix. Mais on essaie. Subtil béton est l’histoire de leurs tâtonnements. Et lecteur, lectrice, il t’emportera comme la marée.
Le parallèle avec le livre-cousin Bâtir aussi des Ateliers de l’Antémonde, est assez frappant. Mais là où Agir aussi montrait une utopie post-apocalyptique en train d’essayer de se réaliser, Subtil béton montre la survie pendant l’apocalypse, qui a parfois des airs d’eaux profondes. « Œuvre collective, unique, féministe, engagée », comme le rappelle la 4e de couverture. Roman d’un autre monde et de notre monde.
Alors, qu’est-ce qu’on attend pour s’agglomérer ?
subtil beton les agglomere·e·s
message : 1Bonjour,
juste pour préciser que les illustrations intérieures du roman Subtil Béton ont été réalisées par le collectif des Aggloméré·e·s, les auteurices de Subtil Béton. C'est la couverture qui a été co-fabriquée par Leraf et les Aggloméré·e·s.
De plus le livre cousin s'appelle Bâtir Aussi, et non Agir Aussi. Même si, reconnaissons-le, agir aussi, ça a vraiment la classe, vivement que des gens écrivent ce livre :)
Mais surtout : merci pour cette belle chronique !