La ville des histoires

Jeff Noon ou l'art de brouiller les pistes avec La ville des histoires. Une expérience de lecture à faire !

Voici le retour de John Nyquist, l’enquêteur créé par Jeff Noon (auteur de Vurt, prix Arthur C. Clarke en 1994) dans Un homme d’ombres (La Volte, 2020). Après avoir quitté la ville de Soliade, Nyquist s’est établi à Histoireville… et il ne va pas s’ennuyer.

Des vertes et des pas mûres

Voilà John Nyquist recruté pour filer un certain Patrick Wellborn. Il le suit jusqu’à la cité Melville où il rencontre une femme nommée Zelda, prostituée de son état avant de se battre avec Wellborn qu’il tue. Nyquist cherche à mettre de la distance avec cet évènement mais s’attache à Zelda, femme fascinante qui écrit… et qui est retrouvée morte pendue. Nyquist ne croit pas à son suicide et enquête. Le voici bientôt dans une histoire surréaliste où les hommes sont contaminés par le virus des mots, ceux-ci s’incrustant la peau : Nyquist est bientôt contaminé d’ailleurs. Et puis il y a ce mystérieux gamin, Calvin, qui semble le manipuler avec d’autres. Nyquist, obsédé par Zelda, commence un voyage étrange.

Un roman déroutant

Jeff Noon aime nous emmener sur des chemins de travers (narratifs) et La ville des histoires n’y déroge pas. Il nous plonge ici dans les affres de Nyquist et de son odyssée personnelle, entre rêve et mort. On appelle ça du polar « new weird », entre fulgurances dadaïstes et fantastique, et Jeff Noon aime brouiller les pistes. L’histoire est fascinante avec des scènes obsédantes, comme ces corps parcourus par les mots (André Breton aurait adoré) : cela enflamme l’imagination. On ne peut que recommander l’expérience de lecture offerte par La ville des histoires.

Sylvain Bonnet