La Volte est une maison d’édition engagée, qui n’hésite pas à explorer l’actualité sous le prisme de la science-fiction, et en particulier sous la forme de la nouvelle (genre malheureusement trop souvent boudé en France) : dans cette veine, on leur doit déjà les recueils Ceux qui nous veulent du bien(2010) et Faites demi-tour dès que possible (2014). Au bal des actifs : Demain le travail obéit à la même logique, et nous propose de découvrir douze visions du travail, miroir à peine déformé des tendances actuelles...
Des lendemains qui déchantent
Les nouvelles qui composent cette anthologie offrent un assez large panorama des différents métiers et avenirs qui nous attendent : précarisation, système aliénant qui transforme les hommes en objets, perte de sens... les différentes visions proposées par un panel d’auteurs confirmé (Catherine Dufour, Stéphane Beauverger, Alain Damasio...) et quelques auteurs moins connus (luvan, Emmanuel Delporte...) ne sont guère joyeuses, mais tout espoir n’est pas perdu.
Car malgré le carcan d’un système profondément aliénant, les germes de la révolte sont là, et les auteurs gardent chacun à leur manière une foi en l’humain qui atténue le pessimisme ambiant.
L’espoir au bout du tunnel ?
Difficile en tout cas de dégager une nouvelle meilleure que les autres ; chacun des auteurs apporte sa pierre à l’édifice, qui forme un tout cohérent et homogène, sans que la thématique commune n’ait bridé leur créativité. On découvre ainsi les textes, qui sont autant des exercices de style que des réflexions personnelles sur le travail, avec un plaisir sans cesse renouvelé. Préférer certaines nouvelles est inévitable (question de sensibilité) mais on laissera le soin aux lecteurs de trouver celles qui les auront plus touchés.
En ces temps d’élection présidentielle, dans une période où penser l’avenir est plus que jamais une nécessité, l’ouvrage de La Volte nous offre une réflexion bienvenue sur le travail et son devenir. Un excellent recueil que vient conclure une postface de Sophie Hiet (scénariste de la série Trepalium) particulièrement éclairante et inspirée. La nouvelle est sans doute le moyen d’expression idéal pour questionner et faire réfléchir sur la société actuelle, il serait donc dommage de se priver d’une anthologie de cette qualité !