Becky Chambers est une autrice américaine de science-fiction. Elle a pu mener à bien son projet d'écriture de son premier roman L'espace d'un an grâce à une campagne Kickstarter avant d'être remarquée par la maison d'éditions Hodder & Stoughton. La série Les Voyageurs a reçu le prix Hugo de la meilleur série littéraire 2019 et le Prix Julia-Verlanger 2017 pour les deux premiers tomes. Elle poursuit aujourd'hui son travail d'écriture, non plus dans le space opera, mais en gardant sa thématique de prédilection de SF optimiste avec plus récemment la publication de romans courts Un psaume pour les recyclés sauvages et Une Prière pour les cimes timides issus du cycle Histoires de moine et de robot toujours publiés chez l'Atalante.
Un space opera optimiste
Rosemary, est une jeune humaine timide et inexpérimentée qui cherche à fuir sa famille et son passif d'escrocs qui lui est associé. Elle embarque alors à bord du Voyageur, un vaisseau spécialisé dans les missions de forages de tunnels dans l'espace. Sans savoir dans quoi elle s'engage, elle participe malgré elle à une grande aventure riche en émotions et en rebondissements.
Une trilogie aux prix Hugo
L'espace d'un an, dont le titre original sonne nettement plus poétique à mon goût "The Long way to a small, angry planet" est une entame de série qui surprend de par sa thématique qui déborde, et je dirais même qui dégouline d'optimisme. Et pourtant, je suis toujours curieuse de découvrir les prix littéraires associés aux romans d'imaginaire, surtout quand cela met à l'honneur des autrices, qui sont enfin reconnues dans ce milieu. A l'image par exemple de N.K. Jemisin et sa trilogie de la Terre fracturée, qui selon moi est une révélation littéraire qui a radicalement changé ma façon de voir la SF au féminin. Ou plutôt comment faire un roman de SF foncièrement féministe avec la subtilité qui fait qu'on n'a même pas besoin de s'en servir comme argument de lecture.
Ce roman de Becky Chambers en revanche m'a un poil déçu. L'estampillage prix Hugo fait que j'en ai attendu beaucoup, et au final, je suis clairement restée sur ma faim avec cette entame. L'optimisme, ok, mais il a manqué un je ne sais quoi pour que j'entre pleinement dans son univers. Pourtant il avait tous les ingrédients pour que j'adhère, le voyage dans l'espace, le côté huis-clos intergalactique, une foule de personnages qui sur le papier auraient pu m'emballer, et puis en fait, pas vraiment. A chaque fois que je sentais que j'aurais pu accrocher, j'ai trouvé les enchainements prévisibles et ma fois, un peu décevants. ça se goupille trop bien et au final, même s'il y a des rebondissements, des semi-tragédies, on remarque que tous les personnages qu'on voit en situation de frictions finissent tout bonnement par devenir les meilleurs amis du monde, sur fond de bonbon acidulé un peu trop enrobé. Je veux bien croire qu'il faille voir les choses du bon côté. J'aime beaucoup l'idée, mais ça a cruellement manqué de crédibilité à mon goût.
Je me suis ainsi faite à l'idée que ce roman n'était tout simplement pas fait pour moi. Et pour cause, je me suis plongée par hasard dans sa série sur le moine et le robot (l'appel des belles couvertures dira-t-on), et ça a nettement plus collé. Pourtant, on reste dans l'optimisme, mais le côté format court, et récit philosophique fait que c'est un format qui me convient nettement mieux, j'ai ainsi compris l'engouement pour cette autrice, et pour cause le premier roman a reçu le Prix Hugo du roman court et le second le Prix Locus du meilleur roman court et j'ai été totalement d'accord avec ce ressenti. Je pense qu'elle manifeste ainsi pleinement son potentiel sur ce format, se laissant plus aller à des réflexions philosophiques actuelles, et pour moi, c'est surtout en cela que j'adhère à son talent d'autrice.
