- le  
Dimension Uchronie n°1 - L'interview de Jean-Claude Renault
Commenter

Dimension Uchronie n°1 - L'interview de Jean-Claude Renault

A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 1, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Jean-Claude Renault revient sur l'écriture de sa nouvelle, Pour l’honneur de Rome.

Actusf : Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?

Jean-Claude Renault : Informaticien indépendant, je suis de la cuvée 60. Ma toute première nouvelle fantastique a été écrite pour un devoir de français, en première. Une révélation pour moi. Toutefois, quand j’ai lu Baudelaire, j’ai glissé vers la poésie, assez vite libre (trop), puis influencée par le surréalisme découvert à la fac (de lettres, pas d’informatique). Deux recueils à compte d’auteur, dont un jamais sorti : Imagine et Le monde est fou comme une chaise (tout un programme). Après quelques nouvelles éparses, le véritable démarrage arrive peu avant ce siècle (c’est pour faire historique). Des nouvelles, essentiellement fantastiques, avec des influences partagées entre Richard Matheson et Claude Seignolle, mais aussi du policier, du thriller, de la fantasy… Une quinzaine de publications éparpillées entre des recueils collectifs et des revues. Un temps mort, puis la reprise en 2014, d’abord dans les nouvelles, multigenres. En 2015, j’ai rassemblé treize nouvelles « obliques », dont deux inédites, dans le recueil autoédité Horizons sur la mauvaise pente. 2015 marque aussi l’année de naissance de la Compagnie des Intelligences Botaniques, cette entreprise à l’œuvre dans le roman L’Héritage du docteur Moreau, paru en deux volumes chez Nestiveqnen en novembre 2018. Son univers, uchronique et steampunk, s’est enrichi de dix nouvelles, dont L’Envol de Moby Dick dans l’anthologie Bêtes mécaniques (mars 2018, L’ivre-Book) et Le Jour inverti dans Dimension Merveilleux scientifique n°4 (mai 2018, Rivière Blanche). Ces deux nouvelles rejoindront les huit autres dans le recueil L’Envol de Moby Dick et autres aventures paradoxales (parution prévue en juin 2019, chez Nestiveqnen). Et l’aventure continue…

Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?

Jean-Claude Renault : J’ai découvert l’uchronie en tant que telle, il y a pas mal de temps, avec Pavane de Keith Roberts et La Porte des mondes de Robert Silverberg puis avec Les voies d’Anubis de Tim Powers qui flirte avec. Si j’ai dit en tant que telle, c’est que les histoires d’univers parallèles ou de paradoxes temporels jouent souvent avec l’uchronie et que j’en ai sûrement lu sans en avoir conscience. Quant à l’œuvre qui m’a vraiment marqué, c’est La Séparation de Christopher Priest, mais ça va au-delà de l’uchronie, c’est un roman génial. Je voudrais quand même glisser un petit mot pour Fatherland de Robert Harris, duquel je n’ai pas décroché et qui, finalement, fait peur.

Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?

Jean-Claude Renault : J’avais bouclé un roman où l’uchronie a une place importante et écrit plusieurs nouvelles se situant dans le même univers. C’est donc naturellement que l‘appel à textes de Dimension Uchronie m’a attiré, d’autant plus que j’avais eu une bonne expérience avec Dimension Merveilleux scientifique. Toutefois, Bertrand souhaitait des nouvelles situées dans un univers original. Alors…

Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?

Jean-Claude Renault : La grande expédition, le sac de Delphes et la mort de Brennos, l’Omphalos et sa supposée disparition, le mystérieux royaume de Tylis, les Galates… Tout cela me fascine depuis longtemps. Les « généraux » celtes qui partent dans toutes les directions, un effectif considérable mais dispersé… En plus, je voulais prendre le contrepied de Roma Æterna de Robert Silverberg. J’ai donc imaginé un monde sans empire romain mais, pour cela, il me fallait une autre puissance. Ici, la confédération delphique qui interviendra dans la deuxième guerre punique pour sauver Rome, brisant ainsi son ascension. L’histoire se déroule, pour l’essentiel, 1500 ans après le point de divergence, à l’époque de Gengis Khan. L’idée était de confronter l’expansion mongole à un monde un peu plus avancé qu’il ne l’était dans l’Histoire réelle. Si la confédération delphique et ses alliés utilisent des armes à air comprimé, il s’agit d’un effet rebond des recherches pour mon roman, notamment à propos du fusil de Girandoni.

Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?

Jean-Claude Renault : Pourquoi les celtes n’ont pas pris Delphes ? Et si toutes armées avaient convergé vers Delphes ? Voilà les questions à l’origine du point de divergence. Donc, toutes les armées devaient converger vers Delphes, prendre la cité, et en faire la capitale d’un nouvel état. Mais il me fallait un ciment assez fort pour maintenir la cohésion entre les celtes, pour empêcher ce nouvel état de se déliter et lui permettre de durer. C’est pour cela que j’ai introduit un élément fantastique qui oblige les chefs celtes à transcender leurs différents et rester unis : univers parallèles et voyage temporel. J’en ai profité pour réécrire le mythe de l’Omphalos.

Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?

Jean-Claude Renault : Il m’est arrivé d’écrire avec un message clair en tête. Là, non. Toutefois, avec l’uchronie, on peut en produire un sans forcément y avoir explicitement réfléchi. Notre histoire et notre pensée sont tellement imprégnées de l’héritage gréco-romain, y compris côté religieux (pas d’empire romain, pas de christianisme, etc.) qu’on oublie qu’un autre mode de pensée aurait pu aboutir à un monde plus pacifique, plus harmonieux, plus respectueux de l’environnement… Ou à pire. Ce que nous sommes et pensons aujourd’hui s’est construit dans le passé.

Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?

Jean-Claude Renault : Oh oui ! Tout d’abord, L’Héritage du docteur Moreau aura une suite (en chantier au moment où je vous réponds) sans compter le recueil de 10 nouvelles, bouclé, dont j’ai parlé plus haut. Je n’exclue pas de développer un roman à partir de de Pour l’honneur de Rome paru dans Dimension Uchronie 1. D’ailleurs, je trouve que l’uchronie est un terrain jeu idéal qui satisfait mon goût pour l’Histoire, même si je penche vers une uchronie « impure » où interviennent le fantastique et la science-fiction plus traditionnelle.

Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !

Jean-Claude Renault : Le mot de la fin ? Merci Bertrand.
Au-delà… Je crois que l’uchronie, partielle ou totale, va prendre de l’ampleur dans les années à venir.

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?