A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 1, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Zoé Dangles revient sur l'écriture de sa nouvelle, Celle qui glisse sur les ondes.
Bertrand Campeis : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivaine ?
Zoé Dangles : Bonjour, je m'appelle Zoé Dangles. J'écris depuis quelques années maintenant et Celle qui glisse sur les ondes est ma première nouvelle publiée sous ce nom. A côté de l'écriture, je m'essaye à la photographie et au bricolage.
Bertrand Campeis : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?
Zoé Dangles : J'ai découvert l'uchronie comme beaucoup, je pense, avec Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick. Plus étrangement, c'est une uchronie personnelle qui a été marquante pour moi : Mes vrais enfants, de Jo Walton, où les personnages sont bouleversants. L'uchronie historique y est plus subtile
Bertrand Campeis : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?
Zoé Dangles : L'anthologiste, Bertrand Campeis, m'a envoyé une invitation à participer à son appel à textes. Je pense qu'elle fait suite à une discussion que nous avions eu sur le terme uchronie biblique !
Bertrand Campeis : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?
Zoé Dangles : Je n'avais jamais écrit d'uchronie, donc l'invitation était plutôt intimidante, mais à force de creuser, j'ai réussi à écrire Celle qui glisse sur les ondes. Je l'ai écrite presque en deux morceaux, puisque l'histoire et le contexte n'étaient pas destinés à être dans le même texte. Vu le thème, islamophobie, déportation et génocide, l'écriture a été également très influencée par les actualités, qu'elles soient mondiales ou plus françaises.
Bertrand Campeis : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?
Zoé Dangles : La nouvelle se situe dans la fictive République du Kampujadesa, restes démocratiques de l’Empire khmer qui a annexé ses voisins : le Việt Nam, le Lao (Laos), le Thaï (Thaïlande), et anciennement la Malaisie, désormais indépendante. La carte de son Empire et la ligne temporelle dérivent de façon décisive au milieu du XIVème siècle, quand l’Empire d’Angkor persiste et conquiert le Thaï. L'histoire se déroule de nos jours dans la capitale de la République du Kampujadesa, Angkor, mélange de temples-montagnes et de gratte-ciels.
Bertrand Campeis : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?
Zoé Dangles : Une bonne partie du texte n’est pas fictionnel, et encore moins uchronique : le sort des Rohingyas a dépassé le préoccupant. Amnesty parle d’apartheid, ils sont privés de leurs droits, et ne sont pas considérés comme des citoyens au Myanmar. Et pour revenir sur nos propres sols, je n’ai fait qu’extrapoler et imaginer les dérives de nos Centres de Rétention administrative. Actuellement, les personnes qui y sont enfermées subissent des conditions de détention indigne pour des humains, sans même parler d’humains qui n’ont commis aucun crime, ou d’enfants. L’argent et les moyens dépensés dans ces centres servent à renvoyer les gens dans des pays où ils sont menacés de mort, tandis que les conditions pour obtenir le droit de rester légalement sur le sol français se durcissent, parfois dans l’illégalité
J'ai découvert très peu de temps après la publication de l'anthologie l'existence de camps de redressement pour musulmans et musulmanes en Chine. Je ne pense pas que le texte aurait été le même en le sachant à l'écriture.
Bertrand Campeis : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?
Zoé Dangles : J'espère que ma prochaine uchronie sera plus positive, on en a aussi besoin, même si ce n'est pas encore dans mes projets.
Bertrand Campeis : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !
Zoé Dangles : Si ma nouvelle vous a touché.e.s, n’hésitez pas à vous tourner vers des organismes comme la Cimade ou Amnesty, même si ce n’est que pour quelques pétitions signées, et surtout pour transmettre les informations. Si vous avez la possibilité de plus, c’est important, et c’est urgent.