Jeff VanderMeer est né en 1968 à Bellefonte en Pennsylvanie. Auteur de science-fiction et de fantasy mais aussi éditeur, on le rattache au mouvement littéraire appelé New Weird auquel est associé notamment China Miéville. Il a reçu le Prix du Cafard Cosmique pour La Cité des saints et des fous (Calmann-Lévy 2006). Il est particulièrement connu pour la Trilogie du Rempart Sud et son premier tome Annihilation (Au diable vauvert 2016) qui a reçu le Prix Nebula du meilleur roman et le Prix Shirley Jackson. Il a d'ailleurs été adapté en film par Alex Garland en 2018. Borne est également le premier volet d'une série.
L'entame d'une série post-apo
L'histoire se déroule dans un futur relativement proche et post-apocalyptique. Rachel, une récupératrice, trouve Borne dans le pelage de l'ours géant Mord. Intriguée, elle a du mal à cerner ce qu'il est. Ce n'est pas un objet, c'est sûr. Elle va très vite développer une relation avec, sans se douter de toute l'influence et de l'importance qu'il aura pour elle par la suite.
Une intrigue étrange mais captivante
N'y allons pas par quatre chemins. J'ai beaucoup aimé Borne. Borne nous dépeint à la fois un univers post-apo effroyable dans la dureté de la survie au jour le jour, mais nous permet également de nous émerveiller par certains aspects, notamment dans les descriptions que fait l'auteur de palettes de couleurs. Cet ouvrage est profondément pictural, et rien que pour ça j'ai été happée du début jusqu'à la fin.
Il ne s'y passe pas grand chose, mais ce n'est pas une critique négative, loin de là. C'est un roman post-apo s'accordant à nous décrire le quotidien de notre narratrice, Rachel, dont on apprend par bribes comment l'humanité en est arrivée-là, et les raisons de sa survie. Rachel est une survivante dans l'âme, elle connaît tous les dangers qui l'entourent et se montre une personne redoutable lorsque cela est nécessaire. Mais Rachel est également sensible, à l'image de l'amour ambivalent qu'elle voue à Wick, cet homme étrange expert en biotechnologie et au passé trouble. L'univers de Borne est hostile car tout peut vous tuer, surtout Mord, cet ours géant et ses redoutables intermédiaires. C'est un monde qui semble sans espoir. Tant l'humanité a décidé de ne plus se faire confiance et de céder la place aux atrocités de la survie et ses déviances.
Borne nous conte un quotidien pas banal, l'émergence d'une relation hors-norme avec un être énigmatique et terriblement attachant. Plus qu'un banal quotidien post-apo, Borne décortique l'âme humaine, sa psychologie, son rapport à l'autre, dans une plume admirablement maitrisée aidée par la traduction de Gilles Goullet qui a fait un travail remarquable. Borne est donc un voyage vraiment étonnant, libre à vous de voir si cela peut vous plaire. Pour ma part, c'est un gros coup de cœur.